Le niveau d’endettement de certains pays africains dont le Sénégal continue d’inquiéter le Fonds monétaire international (Fmi).
Des experts de cette institution financière internationale ont insisté, hier, lors de l’atelier d’échange sur le thème, «le miracle africain : politiques de divertissement et de croissance», sur la nécessité de trouver d’autres moyens pour financer leur développement.
La croissance économique de certains pays africains ne changera rien de leur situation de sous-développement. Ce, expliquent des experts financiers internationaux à cause des taux majorés pour refinancer des dettes ou combler leur déficit budgétaire. Lesquels entraînent une nouvelle spirale de dettes dangereuses. En effet, l’offre d’une maturité de 2 ans pour un taux d’intérêt de 6 %, a reçu 26 souscriptions ayant dépassé le montant souhaité pour atteindre 99,64 millions de dollars. Une situation qui continue d’alarmer les économistes du Fonds monétaire international (Fmi). Selon Roger Nord, Directeur adjoint du département Afrique de l’institution financière internationale, le niveau d’endettement des pays africains est arrivé à un point où il faut essayer de trouver d’autres moyens de financement. «Nous avons vu une dette publique qui augmente. Il est donc nécessaire de trouver d’autres moyens pour financer le développement et financer l’investissement. Certes, la politique, base fiscale plus élargie, est une piste mais une autre est de faire en sorte que les investissements privés étrangers viennent davantage en Afrique», a indiqué l’économiste.
A en croire M. Nord, ce qui est désormais important pour les pays africains, c’est de mettre les bornes sur le futur. Il souligne que le futur pour l’Afrique est son intégration dans l’économie mondiale. Mais également, insiste-t-il, la diversification économique et l’investissement. «Il faut trouver d’autres moyens notamment, y compris le secteur privé qui, lui, recherche les opportunités. Qu’il y ait un environnement qui permet de faire en sorte que davantage d’investisseurs privés viennent en Afrique, notamment au Sénégal, est une bonne chose», a fait savoir l’économiste.
Dans son rapport sur la dette, le Fond monétaire international avait révélé qu’en novembre 2015, les emprunts souverains émis par des gouvernements africains ont atteint 5,17 milliards de dollars. Le tout avec des taux qui varient entre 6 % et 10,75 %. Car, les pays africains passent des eurobonds ou des émissions obligataires en monnaie nationale ou régionale avec des taux compris entre 5,5 % et 6,5 %.
Le représentant du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Mamadou Sarr, a noté que les épisodes de croissance en Afrique sont plus brefs que dans les autres parties du monde. A cet effet, il estime qu’il est important, dans un nouvel élan national et avec l’appui des partenaires, de questionner les voies et moyens de fortifier la croissance et améliorer la qualité de cette croissance au bénéfice des populations. «Les économistes s’accordent sur les vertus de l’élargissement de la base productive et l’extension de la gamme de produits davantage de biens et services à forte valeur ajoutée sous-tendue par une productivité vigoureuse constitue, au regard de l’histoire contemporaine, un excellent vecteur de transformation structurelle pour l’émergence. Le saut qualitatif sur l’échelle de la productivité est, un dénominateur commun aux pays émergents», a-t-il déclaré. Entre 2014 et 2015, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne a perdu près de 1,5 % à cause de la situation intérieure de nombreux pays qui ont investi massivement dans les infrastructures en négligeant parfois de faire plus d’économies. Ce qui a eu comme conséquence la montée en flèche des taux d’intérêts des banques prêteuses à plus de 11 %.
Adama COULIBALY