Il n’y a pas que des civils congolais qui font les frais de la crise politique en cours en RDC.
Mais, aussi les grandes puissances occidentales dont l’Espagne et la France accusées sur des réseaux sociaux de « sponsoriser la barbarie ».
Une offensive de grande envergure contre la France et l’Espagne sur les réseaux sociaux. Elle est menée depuis le début de cette année par des Congolais visiblement excédés par l’attitude presque ambiguë des deux puissances occidentales face aux autorités de la RDC.
Des responsables qui, selon font preuve d’une « barbarie » pour réprimer toute contestation. Un hashtag #BoycottFrance du 2 janvier par exemple diffuse la caricature du dessinateur Kash du quotidien kinois Le Potentiel. Intitulé « Les sponsors de la barbarie en RDC », le dessin montre Emmanuel Macron et Mariano Rajoy aux côtés de Joseph Kabila qui actionne une mitrailleuse orientée vers le peuple.
Référence faite à la répression des manifestations du 31 décembre ayant fait 6 morts selon l’ONU et des ONG. « Le communiqué du Quai d’Orsay était très mou, raconte Kash, joint à Kinshasa. Puis on a appris que la France et l’Espagne bloquaient le communiqué de l’Union européenne condamnant la répression. La polémique a décollé », explique Kash.
Hollande différent de Macron?
Autre chose…. Un autre dessin de Kash publié par la Lucha, estime que Rajoy et Macron sont des « héritiers de Léopold II », le roi belge, artisan de la colonisation du Congo au début du 20è siècle. La caricature montre le Français et l’Espagnol courant après Kabila. Tout en courant, ce dernier lance « Retirez-moi ces flèches et je vous offre tout ce que vous désirez ». Et Macron poussant un baril de pétrole estampillé Total (groupe pétrolier français) de lancer : « OK ! Faites-moi le plein ! », tandis que Rajoy, clé à molette en main, déclare : « Je veux le barrage d’Inga Caramba ! ». Et tous les trois marchent un sol infini jonché de crânes alors qu’alentour, on aperçoit des collines de tombes.
Allusion faite, selon le quotidien français Le Monde, aux intérêts des deux pays dans l’ex-colonie belge. Mais aussi au génocide rwandais de 1994 et donc au rôle que l’Hexagone aurait joué lors de ce massacre. « Condamner ne suffit pas, unissons-nous pour une campagne #BoycottFrance au Congo et partout où les peuples africains sont opprimés avec la complicité de la France », peut-on lire sur le compte Twitter de la Lucha.
De leur côté, des cadres du ministère français des affaires voient en cette « campagne de diffamation qui peut faire des dégâts réels » la main de Paul Kagame qui aurait mal digéré la convocation en fin 2017 du ministre rawandais de la défense James Kabarebe que la France met en cause dans l’attentat contre l’avion de l’ancien président Juvénal Habyarimana, événement ayant déclenché le génocide de 1994.
Et si Hollande était encore là ? « La France de Hollande nous recevait, nous soutenait et faisait tout pour libérer nos militants arrêtés par l’ANR (agence nationale de renseignement de RDC, NDLR). On a appelé au boycott de la France pour mettre pression sur cette puissance qui, depuis l’arrivée au pouvoir de M. Macron, a une position bien moins claire que par le passé », explique Floribert Anzuluni, coordinateur du mouvement citoyen Filimbi.
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