Fauché et victime du mal du pays, Blaise Compaoré, ancien homme fort de Ouagadougou, souhaite rentrer et trouver du travail.
Cet homme, dont la gouvernance a été marquée par le crime politique, aura-t-il le courage et le patriotisme de faire face à ses juges?
Renversé par la révolte populaire d’octobre 2014 et réfugié en Côte d’Ivoire, pays dont il a pris la nationalité suivant une procédure d’urgence, dans le but évident est de se soustraire à des poursuites judiciaires pour les nombreuses victimes de sa sanglante gouvernance, l’ancien président du Burkina Faso serait dans la dèche et voudrait rentrer au pays, selon le site «NetAfrique».
Confronté à des soucis financiers inextricables, Blaise Compaoré «souhaite retourner dans son pays et trouver un travail honnête comme tout autre citoyen», précise-t-on.
Celui qui a tenu les commandes du pays pendant 27 ans, se taillant au passage une réputation de médiateur efficace pour le règlement des conflits régionaux, «en appelle à l’indulgence et à la solidarité africaines de ses compatriotes. Il dit en avoir marre de cette vie d’exil».
Aujourd’hui, son discours exprime une réelle nostalgie et le mal de la patrie: «Tout ce que je veux, c’est rentrer au pays et trouver un boulot honnête comme tout autre citoyen burkinabé», assure Compaoré.
L’ancien chef d’Etat, qui habite le quartier résidentiel de «Cocody Ambassadeurs»-Nord d’Abidjan- se plaint de ses problèmes financiers en ces termes: «Ça commence à devenir compliqué. En plus du loyer que j’ai du mal à payer, il y a également les factures d’eau et d’électricité qui s’empilent. Hier, le boutiquier du quartier est venu me réclamer l’argent des cartes téléphoniques. J’ai dû me cacher».
Isolé aujourd’hui, l’ex-président dénonce l’ingratitude de ses anciens «copains». «Quand j’étais président, matin, midi et soir, ils venaient manger chez moi. Maintenant que je suis en difficulté, il n’y a plus personne», peste-t-il.
Une question brûle les lèvres: à quels «copains» s’adresse-t-il? Ses amis ivoiriens qu’il a soutenus depuis le déclenchement de la rébellion du 19 septembre 2002, jusqu’au dénouement de la crise électorale de novembre/décembre 2010? Blaise Compaoré a été le parrain de l’Accord politique de Ouagadougou de 2007 sur la base duquel l’élection présidentielle de 2010 a été organisée.
Quel crédit faut-il accorder à cette nouvelle histoire? Une certitude prime: les « amis » de Compaoré ont les moyens de le mettre à l‘abri du besoin. En tout cas, si les Soro et Ouatara l’ont lâché, c’est Laurent Gbagbo qui doit rire du fond de sa cellule de la prison de la Haye.
Quoi qu’il en soit, ce qui importe aujourd’hui est que Blaise Compaoré fasse preuve de courage et de patriotisme en retournant dans son pays. Ainsi, le président déchu pourra-t-il répondre aux graves accusations dont il fait l’objet dans le cadre d’un procès équitable, respectant la présomption d’innocence et lui garantissant ses droits.
En effet, selon une opinion largement répandue au Burkina Faso et sur le continent, le président Compaoré est un homme dont le parcours est jalonné par la mort.
De la bande des 4 officiers à s’être emparés du pouvoir en 1983, il est le seul survivant. Qui a ordonné l’exécution de Thomas Isidore Noël Sankara le 15 octobre 1987? Dans quelles conditions et sur ordre de qui ont été massacrés le commandant Jean Baptiste Boukari Linguany et le capitaine Henry Zongo en septembre 1989? Bref, le chapelet des crimes politiques sous le magistère Compaoré serait trop long à égrainer ici.
Toutefois, l’opinion et la foule ne sont pas juges. Elles peuvent même parfois se révéler comme les pires ennemis de la justice. C’est pourquoi l’ancien homme fort de Ouagadougou devrait rentrer au pays pour laver les soupçons.