CONTRIBUTION
Il m’est particulièrement agréable de témoigner en tant qu’acteur de l’éducation depuis des années que ce Prix du chef de l’Etat pour l’Enseignant est une initiative de haute portée républicaine qui a revalorisé toute une corporation. Je suis profondément reconnaissant au Protecteur des arts et des lettres pour cet acte symbolique et historique, mais qui a aussi un sens patriotique. Pour le président Mandela, «l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde». Et pour réussir l’éducation, l’enseignant est au cours du dispositif et pour atteindre la qualité des enseignements-apprentissages, il faut des éducateurs qualifiés et motivés.
Le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) qui est un instrument du ministère de l’Education nationale mis en place pour la définition et la mise en œuvre des politiques éducatives au Sénégal, devrait attacher plus de prix et d’attention au statut de l’enseignant. Tout militant et acteur de l’éducation doit être soulagé et réconforté par cette décision de la Haute autorité de l’Etat qui a grandement contribué à donner plus de crédit à cette prestigieuse fonction.
Pour l’Unesco, «des enseignants qualifiés et motivés sont la clé de voûte d’une éducation de qualité». Les enseignants souffrent de statut, de salaires et de conditions de travail qui ne sont pas satisfaisantes et les pays qui atteignent des niveaux d’apprentissages élevés comme la République de Corée et Cuba ont régulièrement investi dans la profession enseignante. L’Unesco œuvre à jouer un rôle mondial de premier plan en faveur des enseignants, de leur formation, de leur développement personnel en suivant la recommandation Unesco /Oit de 1966 condition du personnel enseignant.
L’enseignant demeure l’un des fonctionnaires de l’Etat les plus suivis et évalués et ses absences et retards non justifiés lui sont formellement interdits car il est à la fois contrôlé par ses collègues, ses supérieurs hiérarchiques, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes. En décidant de décerner ce prix aux enseignants, le président de la République pose des actes concrets d’équité et de justice sociale pour un corps, dont les leaders syndicaux et autres acteurs ont toujours revendiqué plus de considération et d’attention.
Tous les acteurs de l’éducation s’accordent que cette initiative du chef de l’Etat est salutaire, mais elle pouvait être plus ouverte et aller vers un Prix de l’Education à l’image du Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres où seraient récompensés différents acteurs des différentes formes d’éducation comme l’alphabétisation, les daaras, etc., car l’éducation, c’est aussi le formel et le non formel. Pour rappel, l’année dernière notre pays a gagné le Prix de l’Unesco pour l’alphabétisation et ça a été, en grande partie, l’œuvre des enseignants du non formel, voire les facilitateurs en alphabétisation. Loin pour moi de sous-estimer le travail abattu par les enseignants craie en main qui sont pour le moment ciblés par le prix et qui font un excellent travail dans les coins les plus reculés du Sénégal, parfois dans des conditions difficiles.
Je préconise que le prix soit ouvert à d’autres enseignants qui ne sont pas pourtant dans les classes, comme ceux qui sont dans les services centraux, dans les organisations syndicales, etc., et pourtant qui ont passé toute leur vie à œuvrer pour le devenir de notre école. C’est pourquoi je propose le fonds et la forme du Prix du chef de l’Etat pour l’intérêt exclusif de l’école et des enseignants.
J’adresse mes vifs remerciements au président de la République pour cette belle initiative qui est une innovation de taille qui, sans nul doute, contribuera à relever la qualité de notre système éducatif.
Silèye Gorbal SY
Expert en Education et Développement local
Président Coalition nationale Education pour Tous du Sénégal