Dans cette seconde partie de l’entretien avec WalfQuotidien l’ancien Premier ministre revient sur son passage à la primature.
Abdoul Mbaye dit avoir quitté ce poste en très bons termes avec Macky Sall. Mais ce n’est pas ce qui l’a poussé à entrer en politique. La président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail s’est jeté dans le champ politique à cause d’une énième reniement du Président Sall sur la réduction de son mandat. Cet engagement non respecté l’a meurtri. Quid de sa candidature à la présidentielle de 2019 ? Abdoul Mbaye se remet à la décision de son parti. Mais dés à présent l’ancien Premier ministre demande à l’opposition de s’accorder sur le principe de soutenir le candidat le mieux placé au second tour de la présidentielle pour faire tomber Macky Sall.
Walf Quotidien : Abdoul Mbaye sera-t-il candidat à la présidentielle de 2019 ?
Abdoul MBAYE : Il y a de très fortes chances. En tout cas, il sera candidat à l’investiture par son parti. Et ceci dit, comme nous sommes très légalistes, on laisse au parti le soin de choisir son candidat.
Que répondez-vous aux partisans et autres alliés du président Macky Sall qui disent qu’en face, il n’y a rien pour minimiser ses adversaires en 2019 ?
Personnellement, le président Macky Sall ne m’impressionne pas. Je lui dois quand même tout le respect qu’on doit à un chef d’Etat, mais il sera un candidat comme les autres. Il arrivera à un moment où il sera un candidat comme nous, avec son bilan. Et il aura en face de lui des candidats qui vont également faire valoir leur bilan qui ne se résume pas à un bilan au niveau de la gestion des choses de l’Etat et qui vont faire valoir un programme, qui va mettre à mal son bilan à lui et le peuple sénégalais choisira. Vous savez, c’est un discours qu’on a l’habitude d’entendre. Chaque fois qu’on va vers une élection présidentielle, on entend dire : «On va passer au premier tour, il y aura personne devant nous».
Mais avez-vous l’impression que votre discours passe ? Est-ce que vous n’êtes pas distant de la population ? Parce qu’on ne peut pas imaginer, avec tout ce que vous développez comme arguments, que vous n’arriviez pas à obtenir un seul député lors des dernières législatives.
Le déphasage existe parce que c’est un discours politique neuf. Donc la politique, c’est quoi ? Il faut convaincre, il faut persuader. On a commencé nos activités politiques en mai 2016. En novembre, on a décidé d’aller vers les législatives. De novembre à mars, on était pris dans la constitution d’une coalition parce que les législatives, ce sont d’abord des personnes connues au niveau des départements, etc. On a fait la campagne, mais la chose politique a quand même ses réalités. On ne va pas venir comme ça du jour au lendemain et tout gagner, tout rafler. On est parti de zéro, on était à 14 mille et quelques voix à la fin du scrutin. Ce n’est déjà pas mal dans le cadre d’une coalition. Mais on sait que, dès lors que nous choisissons de remettre en cause des habitudes et des pratiques, notamment au niveau du discours politique, de l’acceptation des Sénégalais de la chose politique, on est sur un combat à moyen et long terme. Heureusement, en face, ils nous aident parce qu’ils créent de la misère. C’est pas mal parce que je trouve dans le discours du président de la République, on parle de taux de croissance faramineux de 7 %. C’est énorme et, dans le même texte, on dit qu’on va augmenter les bourses familiales, c’est-à-dire qu’il y aura encore plus de pauvres.
Vous n’allez pas quand même surfer sur la misère des populations ?
Non, on va surfer, pour utiliser votre expression, sur le fait que ce régime n’a pas amélioré le quotidien des Sénégalais. On va surfer sur le fait que ce régime a enrichi son clan et sa famille et ce n’est pas cela qu’il faut pour le Sénégal. Il faut autre chose. Il faut un plan qui va être un programme qui va être présenté et à ce moment-là, les choses changeront. Peut-être en 2019 c’est ce que je souhaite, peut-être un peu plus tard. L’œuvre politique, ce n’est pas une œuvre d’aujourd’hui ou de demain, ce n’est pas possible.
Avez-vous tiré les leçons des dernières législatives avant de vous projeter dans le futur ?
En bon manager, je suis obligé. Je suis en apprentissage dans la chose politique, mais il y a longtemps que je suis dans le management. On a commencé par ça. Une large évaluation de tout le territoire qui a associé toutes les personnalités qui ont été concernées par la campagne et à partir de ça, nous avons tiré un bilan, développé un plan d’action qui est actuellement en cours de déroulement
Votre parti est-il représenté un peu partout à travers le pays ?
On est présent partout mais, être présent, cela ne veut pas dire non plus avoir des candidats forts. Quand les législatives sont arrivées, on n’avait pas encore de fortes personnalités
On dit très souvent que les hommes politiques entrent en politique pour s’enrichir. Ce n’est certainement pas votre cas. Donc qu’est-ce qui vous fait courir ?
Le Sénégal et le futur de mes enfants. Quand je dis mes enfants, j’englobe tous les enfants du Sénégal, mais également un futur immédiat qui peut être plein de risques. Parce que j’ai une conviction que je retire de leçons d’histoire. Un peuple ne peut pas souffrir et ne pas vivre d’espoirs. Donc aujourd’hui le quotidien est difficile pour la majorité des Sénégalais et il n’y a pas de vision, de petits pas vers un mieux-être, vers du progrès.
Ce quotidien difficile n’a pas commencé avec le régime de Macky Sall. Alors qu’est-ce qui vous a poussé à entrer dans le champ politique ? Est-ce parce que vous avez été renvoyé de la primature ?
J’ai déjà entendu ça. Vous savez, moi, j’étais chef d’entreprise. Et à chaque fois que je recrutais quelqu’un à tous les postes, je me souciais de recruter le meilleur possible. Je pense très sincèrement, alors qu’il ne me connaissait pas beaucoup, que le président Macky Sall a choisi en avril 2012, le meilleur Premier ministre possible, donc ça m’honore. Je n’ai pas à me fâcher. Peut-être que vous n’avez pas lu l’ouvrage que j’ai rédigé après avoir quitté mes fonctions. Mais j’ai quitté mes fonctions en très bons termes avec le président Macky Sall et j’ai créé un club de réflexion pour mettre à sa disposition des outils de gouvernance. Mais quand vous avez conscience d’abord, par une expérience dans le secteur privé, de ce qui ne va pas – même si j’ai essayé en ce moment-là d’apporter ma modeste contribution au niveau du conseil présidentiel pour l’investissement -, que ces impressions sont confirmées ensuite par une station gouvernementale et qu’elles sont consolidées par le fait que, même quand vous donnez du conseil gratuit, ils s’en moquent, que pouvez-vous faire ? Je vous donne l’exemple de l’autosuffisance en riz. Le slogan autosuffisance en riz en 2017, dès le départ, on sait que ce n’est pas bon, l’économiste sait que ce n’est pas possible, mais c’est un bon projet. Donc à nos frais, nous avons organisé un grand séminaire avec tous les producteurs de la vallée, et avons sélectionné toutes les structures impliquées dans la production du riz et on a fait un grand rapport déposé sur la table du président. Mais qu’avons-nous constaté ? Que cela ne l’intéresse pas, l’importance, c’est de mentir sur les productions.
Pour revenir à votre question sur mes motivations, je crois très sincèrement que le déclic est venu du référendum. Pourquoi ? Parce que, d’abord, c’était un énième engagement qui était remis en question, mais j’ai trouvé la méthode inacceptable. «Je suis élu sur 7 ans, je prends l’engagement de faire un mandat de 5 ans (retrouvez les interviews Jeune Afrique). Je consulterai le Conseil constitutionnel le moment venu pour réduire le mandat». Mais il consulte le Conseil constitutionnel pour savoir si son mandat est de 7 ou de 5 ans dans les faits. Le Conseil constitutionnel dit : oui, il est de 7 ans. La question posée au Conseil aurait dû être : comment faire pour respecter ma parole de réduire le mandat à 5 ans ? Et on allait lui répondre qu’il aurait juste suffi de mettre une nouvelle constitution avec 5 ans sans disposition transitoire concernant le mandat actuel. C’est aussi simple que ça. Et personnellement, ce procédé m’a meurtri. Et c’est à ce moment-là que je me suis résolu à prendre tous les risques à commencer à faire la politique.
En 2012, quand vous avez accepté d’être le Premier ministre, soupçonniez-vous Macky Sall capable d’un pareil reniement ?
Très sincèrement non.
Donc il était sincère quand il prenait cet engagement ?
Personnellement au moment où je vous parle, je ne comprends pas le revirement du président sur plusieurs dossiers notamment sur le gouvernement avec 25 ministres, le mandat de cinq ans etc. Je ne saisis pas bien l’importance donnée à la relation avec les religieux. Tout cela, c’est venu après, mais je ne comprends pas.
Vous étiez Premier ministre. Et au moment de former votre gouvernement, vous aviez dépassé les 25 ministres, mais vous n’aviez pas demandé au président de respecter sa parole…
Ça a commencé par 25, puis on est passé à 31 pour régler certaines spécificités comme les inondations. Mais quand vous êtes en place, dans mon cas, j’avais le souci de réaliser quelque chose. C’est venu très vite après les législatives. En tout cas, je n’ai jamais été capable de diriger un mini-parlement d’une cinquantaine de ministres. On n’est plus dans l’objectif d’efficacité, on est dans l’objectif de donner de strapontins. Cela n’est pas sérieux.
Vous serez candidat si votre parti vous investit. Il y a aussi des candidatures qui se dégagent comme celle de El Hadji Malick Gakou du Grand parti. Ne risquez-vous pas de faciliter la tâche à Macky Sall avec cette foultitude de candidatures ?
Vous faites référence à ce qui s’est passé avec les législatives de 2017. Les contextes sont totalement différents. Ce n’est pas le même mode de scrutin. Avec l’éclatement aux législatives, le système à un tour a facilité les choses au candidat le plus fort parce qu’il peut avoir ses députés avec 35 %. Le reste est totalement éclaté. Au niveau de la présidentielle, c’est différent. Parce que vous n’avez jamais un système de report à 100 %. Aujourd’hui, si je dis que je me désiste en faveur de Malick Gakou, il y a des électeurs de Abdoul Mbaye qui vont dire non. «Nous ne sommes pas d’accord, on va ailleurs». Il est important au premier tour que chaque candidat garde ses électeurs pour affaiblir le plus fort et imposer le deuxième tour. Il faut construire dès à présent le soutien du candidat de l’opposition qui sera au second tour.
Donc vous n’êtes pas d’accord pour une candidature unique de l’opposition pour le premier tour ?
Pas du tout. C’est contre-productif. L’objectif, c’est de changer la gouvernance de ce pays et de faire tomber le régime de Macky Sall. Or, une candidature unique, stratégiquement, c’est risqué. Cela ne nous renforce pas.
Donc, vous écartez une coalition …
Notre parti aura un candidat. Mais la coalition peut se faire pour soutenir un candidat. Il y a des partis qui peuvent soutenir la candidature de notre parti.
On avance que vous avez une double nationalité dont celle française. Le moment venu, seriez-vous prêt à renoncer à cette nationalité ?
J’ai une nationalité. Je suis exclusivement de nationalité sénégalaise. Je vais encore plus loin. J’ai renoncé à ma nationalité française. Parce que le Sénégal est pour moi le plus important qu’une double nationalité.
Vous avez renoncé à cette nationalité quand ?
En 2016. Vous avez suivi le débat. Quand ils ont commencé à travailler sur la loi électorale, ils ont essayé de faire passer une clause avec la proposition de Benoît Sambou, c’est-à-dire renoncer à sa nationalité étrangère cinq ans avant la tenue des élections.
Pensez-vous que c’est normal qu’une société publique (Dakar Dem Dikk) vende une partie de son patrimoine à un parti politique, l’Apr, pour y construire son siège ?
C’est absolument anormal. (Il se répète). Cela ne se voit qu’au Sénégal. C’est incroyable. Le gouvernement actuel pose tellement des actes graves et gravissimes qu’on a fini presque par s’y habituer. Je ne trouve pas les mots pour qualifier cela.
En tant que banquier, pensez-vous que la loi autorise le frère du président de la République à gérer une caisse comme des Dépôts et Consignations ?
Vous savez, ce que nous avons toujours fait au niveau des établissements que j’ai eu à diriger : Première modification du règlement intérieur, les crédits accordés à des hommes politiques sont décidés par le Conseil d’administration à l’unanimité. Il ne faut pas mélanger les biens communs, surtout l’argent, avec les questions politiques. Très mauvais ! Encore une fois, c’est l’objectif recherché. Je ne pense pas qu’il (Aliou Sall, Ndlr) soit là pour le salaire.
Est-ce que le niveau d’endettement du pays est alarmant ?
J’ai lu des déclarations faites par le président de la République portant sur l’endettement du Sénégal. Mais il a amoindri à dessein, en utilisant des critères non pertinents. D’abord, il s’est contenté d’apprécier l’endettement extérieur. Ensuite, il a évalué l’endettement extérieur en le mettant en rapport avec les exportations des biens et des services. D’où l’erreur. Parce que l’endettement, c’est l’endettement, qu’il soit extérieur ou intérieur, qui pèse sur le budget de l’Etat. Et l’endettement extérieur, mis en rapport avec les exportations des biens et des services chez nous, ça n’a pas de sens. C’est vrai, quand vous remboursez une dette extérieure, vous utilisez des devises et quand vous exportez, vous gagnez des devises. Donc on peut considérer qu’il y a un rapport possible. Mais comme le Sénégal importe une fois et demie plus qu’il exporte, ça n’a pas de sens. Puisqu’en aide, il n’y a pas de devises.
Ce qu’il faut retenir, c’est un endettement global qui est le plus élevé dans la zone Uemoa, parce qu’il faut un référentiel, sauf le Togo. Quand le Sénégal a un taux d’endettement global de 60 et quelques pourcents qui va passer à 61,1 % en 2018, la moyenne de l’Uemoa y compris le Togo, c’est 49 %. Donc par rapport aux autres pays de l’Uemoa qui vivent comme nous, on n’est trop endetté. Il faut savoir qu’il y a certes un critère de convergence qui existe au niveau de l’Uemoa fixé à 70 %. Ça veut dire qu’on a la marge, mais si on va aller à 70 %, on va cogner le mur. Il faut savoir qu’aussi au sein de l’Union européenne, le critère de convergence de la limite, c’est 60 %. Donc on ne peut pas dire que nous ne sommes pas assez endettés.
La deuxième chose, c’est que quand vous acceptez de prendre en compte l’endettement extérieur comme il (Macky Sall, Ndlr) le fait dans son argumentaire, on est cette fois le pays de l’Uemoa le plus endetté. Cette fois, on est plus endetté que le Togo. Et le service de la dette est en train de croître. Il était de 24 % en 2014, il est projeté à 30 % en 2017, il va croître.
Pour revenir aux dommages que cet endettement va créer pour l’économie, il y a seulement les dommages pour demain. C’est-à-dire que ce sont les générations futures qui auront des problèmes pour payer cette dette. Mais il y a dans l’immédiateté des problèmes pour payer les entreprises sénégalaises qui sont porteuses de créances pour l’Etat.
On vous a vu pendant la campagne électorale prendre le bus, le taxi, etc., ce que vous n’aviez pas l’habitude de faire. Ne trouvez-vous pas cela un peu théâtral ?
Oui, en tant que Dg d’une banque ou Pm, je ne prenais pas de bus. Mais là, aussi des gens s’attardent à dire que j’ai pris le bus. Mais pourquoi ? Je n’ai pas pris le bus parce que je n’ai pas de véhicule, mais j’ai pris le bus pour politiquement parler avec ceux qui sont dans le bus. Mais il y a toujours des personnes malintentionnées qui s’arrêtent pour dire : Oui, il a pris le bus alors qu’il ne prend pas le bus d’habitude. La politique, c’est la politique. Vous allez au marché quand vous faites la politique pour parler aux vendeurs du marché. Vous allez dans les cases voir des marabouts que vous n’aviez pas vus. Parce que c’est ça, la politique. Il faut essayer de rencontrer la personne et la convaincre.
Abdoul Mbaye un milliardaire ou un millionnaire ?
Je ne manque pas de moyens si ce que vous voulez dire (rire).
Certains de vos militants disent qu’Abdoul Mbaye est pingre. Que répondez-vous ?
Vous savez, à partir du moment où vous souhaitez changer les mentalités, il ne faut pas se remettre dans les erreurs que vous dénoncez. La politique ne peut pas être l’achat de conscience. Je préfère décourager ceux qui viennent parce qu’ils veulent de l’argent plutôt que de les laisser dans le périmètre où on n’en a pas besoin
Il paraît que vous ne donnez même pas des moyens de campagne
On a eu les moyens de campagne qui étaient distribués comme on le pouvait. D’ailleurs, pour revenir à une comparaison que vous faisiez, on a dépensé beaucoup plus que certains partis qui ont quand même eu des députés.
Avez-vous vendu les places lors des investitures ?
Mais non. Vous voyez toujours ces interprétations. Combien de partis ont fait contribuer les membres de leur coalition pour la constitution de la caution ? Ça vous dérange que les membres de la coalition cotisent pour payer la caution ? Vous savez, vous êtes dans un espace où les gens disent qu’il y a des chances. Donc, les gens se bagarrent pour être dans les premières positions. Eh bien, que ceux qui vont porter la liste paient la caution selon un ordre dégressif. Il faut payer la caution. Qui doit la payer ? Le parti. Vous avez dit le mot. Et, le parti d’où viennent ses ressources ? De la contribution des membres.
Vous risquez de vous retrouver seulement dans votre parti avec des gens qui ont les moyens. Parce que, ceux qui n’ont pas les moyens, ne pourront acheter des places
En ce moment-là, il faut trouver des solutions. Abdoul Mbaye prête.
Comment voyez-vous en tant qu’ancien banquier, l’émiettement du système bancaire sénégalais qui ne permet pas le financement global de l’économie. Et comment appréciez-vous l’efficacité des outils de financement mis en place par l’Etat, notamment, le Fongip, le Fonsis et la Bnde ?
Ecoutez, j’ai beaucoup écrit sur cette question. Je ne partage pas du tout la logique de l’émiettement qui est d’ailleurs contraire au mouvement mondial en matière de structuration du système financier. Pourquoi ? Parce que l’objectif recherché par l’émiettement produit des effets contraires au niveau des taux notamment et des coûts du crédit. Je vais vous expliquer cela de manière très simple. On dit que la concurrence va permettre de baisser les prix. Donc, multiplions le nombre de banques. Elles vont se faire concurrence entre elles et le coût du crédit va baisser au bénéfice des populations. Plus la banque est petite, plus il y a de petites banques pour vivre. Et pour survivre, elles sont obligées d’avoir un taux élevé pour couvrir leurs charges. Elles ne jouent pas forcement le jeu, elles préfèrent se mettre dans une moyenne qui n’est pas remise en cause par de la concurrence. C’est pourquoi, à mon avis, il y a trop d’agréments bancaires.
Je pense quand même qu’il y a des décisions qui ont été prises, qui sont prises depuis longtemps, mais mises en application et qui doivent permettre de créer du regroupement. Mais, elles ne sont pas suffisantes. C’est notamment le capital minimum qui est porté à 10 milliards de francs Cfa pour les banques. A mon avis, ce n’est pas encore suffisant. Il faut vraiment du regroupement bancaire. C’est indispensable.
Quant aux autres institutions créées notamment sous le giron de l’Etat, le risque est toujours grand de leur donner des objectifs politiques et de mettre en danger leur viabilité. On l’a vécu mille fois au Sénégal. Il vaut mieux mettre en place des lignes de crédits dans les institutions existantes plutôt que de créer des institutions pour gérer des actions spécifiques.
(Fin)
Walf Quotidien