L’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) engage le combat.
Dans un communiqué rendu public mardi dernier, elle a invité la Société civile et les organismes de droits humains à un vaste rassemblement, devant les locaux du ministère de la Justice, dans les tout prochains jours. Cela pour libérer le judiciaire des entrailles de l’Exécutif. Les responsables de ladite association trouvent que «beaucoup de Sénégalais, a fortiori les détenus, continuent à être victimes de la désinvolture par laquelle cette “machine aux ordres” les envoient facilement en prison».
Sur un tout autre registre, l’Asred confirme la véracité des propos de M. Souleymane Teliko, président de l’Ums (Union des magistrats sénégalais) sur l’indépendance de la justice au Sénégal. Cet éminent magistrat, à les entendre, «mérite d’être encouragé vu qu’il reste toujours fidèle à sa ligne de conduite». A les entendre, «l’exécutif est devenu une “machine aux ordres” et ceux qui désobéissent verront l’épée de Damoclès tomber sur eux à tout moment». Aussi, l’Asred dénonce la non représentation des détenus dans les activités les concernant, sans que tous les acteurs concernés par cette question soit impliquée. Le ministère de la Justice a récemment organisé une rencontre sur la réinsertion et l’autre sur la présence de l’avocat dès la garde à vue, instituée par le règlement n° 05 de l’Uemoa. Sur cette question, estiment-ils, «l’État a lamentablement échoué sur la réinsertion sociale des détenus». Avant de poursuivre : «Aucune politique mise en place ne favorise la réinsertion sociale. Les chiffres en parlent des manières les plus amples. Le taux de récidive monte de 68 % à 71 %. En effet, sur les 541 détenus graciés les 250 retournent en prison en 15 jours maximum un mois».
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Par la même occasion, l’Asred dénonce l’immixtion de l’exécutif dans le judiciaire. «Cela s’exhale à travers mille et une preuves tangibles. En effet, force est de constater que des hommes influents sont souvent libérés au grand dam des personnes lambda qui restent en prison avant de bénéficier d’une ordonnance de non-lieu, une véritable manifestation de la mauvaise administration de la justice», notent-ils dans leur communiqué. Occasion qu’ils saisiront pour dénoncer des manquements : «Certains échappent à la geôle parce qu’ils sont protégés par l’exécutif. Des magistrats sont contraints d’être affectés sans motif légitime ; des positions et nominations partisanes». Ils ont également dénoncé les faux témoignages, des documents falsifiés, des dossiers perdus dans les archives peuvent être cause de condamnation d’un innocent. Deux exemples patents, à les entendre, «peuvent illustrer cette thèse». C’est le cas de Baye Thiogane, un détenu incarcéré à la prison de Thiès depuis 2009. Il a été informé que son dossier est perdu dans les tiroirs. Ensuite, celui du détenu Saliou Thioune, un déficient mental derrière les barreaux depuis 2008. Il est victime d’erreur judiciaire.
Magib GAYE