Avec tous les problèmes qui se passent au pays, les Sénégalais s’attendaient à ce qu’Abdou Diouf ramène les uns et les autres à la raison pour la cohésion nationale.
Mais cela ne semble guère l’intéresser. En visite à Tivaouane, l’ancien chef de l’Etat, qui a appelé le Khalife à soutenir Macky Sall, prouve qu’il n’en a que pour les honneurs.
Il jouit des honneurs de la République et se montre dithyrambique avec son bienfaiteur. Avec la déchirure du Parti socialiste qui lui a tout donné pendant des décennies, tout le monde s’attendait à ce qu’Abdou Diouf joue au sapeur pompier. Au pays depuis la fin du mois de décembre, il a trouvé le moyen de faire du bruit. Et c’est pour encenser son bienfaiteur, Macky Sall. Lequel ne cesse de lui dérouler le tapis rouge depuis ses bisbilles avec son ex-mentor, Abdoulaye Wade.
Abdou Diouf a un parti qui l’a porté au pouvoir toute sa vie. Le parti est en crise et il ne dit pas un mot dessus. Khalifa Sall a été emprisonné, il n’a même pas appelé à la modération. Mais, dès que c’est pour encenser ses successeurs Abdoulaye Wade ou Macky Sall, il use de superlatifs. En effet, pour le deuxième mariage de sa fille, Yacine, tout le monde se souvient que c’est Abdoulaye Wade qui était l’invité d’honneur. Et c’est Karim, son fils, et Doudou Wade, son neveu, qui l’avaient dignement représenté à la cérémonie à Paris. Même pas un certain Jacques Baudin qui lui était pourtant très proche. Et tout le monde se rappelle de ce titre de la presse à l’époque : «Diouf marie sa fille : Le Parti socialiste absent».
Ainsi, il semble montrer aux Sénégalais que le pays, il s’en soucie peu. Ce qui l’intéresse, ce sont les honneurs de son chef, qu’il s’appelle Abdoulaye Wade, Macky Sall ou, pourquoi pas, Idrissa Seck demain. D’ailleurs, il avait surpris les Sénégalais avec des déclarations pas loin d’être dithyrambiques lorsque le libéral Macky Sall a donné son nom au Centre de conférence international de la Francophonie de Diamniadio. Pour un modeste centre de conférence, il avait montré que dans ses rêves les plus fous, il ne s’attendait pas à cela. Ce qui ne surprend guère puisqu’il n’a laissé aucune trace dans le pays après 20 ans de règne. Même le pont «Sénégal 92» dont son régime pouvait se targuer, Macky Sall l’a détruit pour y ériger un autre plus moderne et qui correspond à l’ambition d’un Sénégal qui bouge. Il n’enviera certainement pas Amadou Makhtar Mbow dont l’université de cette nouvelle ville porte déjà le nom.
Fuyant la grisaille parisienne, Abdou Diouf a trouvé le moyen de se faire héberger sans dépenser un rond. Il habite dans un palais de la République, avec voiture, chauffeurs, essence, frais de bouche…Sans compter tous les avantages supportés par le contribuable qui lui sont accordés à Paris où il réside. Tout cela malgré une confortable pension de 9 millions 700 mille francs Cfa par mois. Ce qu’il n’a, de mémoire, jamais fait pour son prédécesseur lui qui aime jouer au père la rigueur.
En dehors des honneurs, tout ce soutien indéfectible qu’il accorde à Macky Sall pousse le système à être indulgent avec sa progéniture qui gagne des marchés, notamment la société «Afrique pesage» citée récemment dans un scandale, ou encore dans la sécurité aéroportuaire.
Seyni DIOP