S’achemine-t-on vers une paralysie totale des enseignements à l’Ucad ? Tout porte à le croire.
Hier, lors d’une conférence de presse, la coordination du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) a fustigé la posture adoptée par les autorités. Lesquelles, selon le coordonnateur du Saes, section Dakar, Ibrahima Dally Diouf, font la sourde oreille face à leurs revendications. «Nous alertons l’opinion nationale et internationale sur les menaces qui pèsent sur l’Ucad. Parce que tout au long de l’année 2017, il est arrivé plusieurs fois que le Saes ait demandé l’arrêt des enseignements, à cause des problèmes de retards récurrents des salaires que nous ne comprenons pas. Si à chaque mois il faut arrêter les enseignements pour réclamer des salaires, ce n’est pas sérieux, c’est du sabotage», peste M. Diouf. Pour lui, il faut que les autorités prennent leurs responsabilités concernant cette question. Car, depuis trois voire quatre mois, ils n’ont cessé d’interpeller le gouvernement sur l’application du décret du régime financier des universités. Qui stipule que les universités doivent présenter des budgets de vérité. «A l’Ucad, nous n’avons pas un budget de vérité. Chaque année, on budgétise 10 à 11 mois de salaire, ce qui fait que nous sommes le 5 janvier, aujourd’hui, (hier, Ndlr) nous ne sommes pas payés jusqu’à présent», regrette-t-il.
Hormis le budget, poursuit-il, depuis 2015, les enseignants qui ont eu des promotions n’ont pas encore reçu la contrepartie financière. Idem, soutient-il, pour les présidents de jury du baccalauréat qui sont aussi des enseignants du supérieur. Ils attendent toujours d’être payés. Le taux d’échec à l’Ucad qui avoisine les 60 % ne devrait étonner personne. Parce qu’affirme-t-il, le Contrat de performance (Cdp) qui a été introduit à l’Ucad avec des milliards pour réduire ce taux d’échec peine toujours à porter ses fruits. «Depuis deux ans nous demandons l’audit de ce Cdp. Des laboratoires ont été commandés depuis trois ans pour relever le plateau technique et permettre une meilleure prise en charge des travaux pratiques et des travaux dirigés des étudiants. Malheureusement à l’Ucad nous n’avons rien vu», martèle-t-il. Avec la réforme des titres, il soutient que le ministre, Mary Teuw Niane refuse toujours de signer l’arrêté de nomination qui devrait permettre à leurs collègues d’avancer dans leur carrière. «La paix à l’université dépend des autorités. C’est eux qui sont en train de perturber la quiétude de l’Ucad. Il faut qu’ils arrêtent. Nous sommes face à un gouvernement qui ne croit même pas à son Pse. Il faut qu’ils arrêtent de politiser l’Ucad», dénonce-t-il.
Mamadou Samba BARRY