Le libéral Macky Sall n’aura pas eu besoin de se salir les mains pour liquider de potentiels challengers à la prochaine élection présidentielle de 2019.
Ses alliés socialistes se sont chargés à cœur-joie de freiner l’ambition de leurs jeunes gardes dont ils n’ont pu neutraliser les ambitions.
Ousmane Tanor Dieng ne pouvait s’offrir meilleur cadeau d’anniversaire, hier 2 janvier, avec cette purge stalinienne au Parti socialiste (Ps). Après des années de crise, l’homme de Nguéniène et sa bande ont attendu la veille de la présidentielle de 2019 pour exécuter les socialistes qui ont une ambition autre que d’être des souteneurs pour la formation politique de Léopold Sédar Senghor dont on fêtait récemment l’anniversaire de la mort et qui doit se retourner dans sa tombe. Qu’un de ses ex-proches collaborateurs, allaité au Ps, détruise la jeunesse et l’avenir de sa formation politique, il ne pourrait sans doute l’imaginer de son vivant. Et, le tout, devant le mutisme total d’Abdou Diouf, anesthésié par le fils putatif de son ex-opposant légendaire.
Concernant le cas le plus troublant du maire socialiste de Dakar, Khalifa Sall, on peut voir que les trois qui tiennent les rênes du pays ont chacun eu un rôle à jouer dans son élimination. Macky Sall lui a trouvé les poux avec l’Inspection générale d’Etat (Ige) pour le mettre au frais, Niasse, un autre socialiste pure souche, a levé son immunité parlementaire pour sa future condamnation et Tanor finit le travail avec son exclusion du Parti socialiste. Les livres d’histoire retiendront dans quelques années que ces bourreaux du maire de la capitale deviennent ainsi les exécuteurs testamentaires de son vivant de Macky Sall. Les pères de l’indépendance, Senghor notamment, doivent se retourner dans leurs tombes s’ils se rendaient compte de ce que sont devenus leurs héritiers.
Pourtant ce même Moustapha Niasse dont l’institution a levé l’immunité parlementaire de l’actuel maire de Dakar avait fait une volte-face encore dans les livres Guinness lorsqu’il avait accusé le régime de la première alternance d’avoir détourné 6 milliards de francs Cfa des caisses de la Sonacos. Ce qui avait poussé Abdoulaye Wade à vouloir faire lever son immunité parlementaire et l’envoyer au gnouf. Convoqué par la Commission ad hoc de l’Hémicycle pour une levée de son immunité parlementaire, Niasse avait honteusement nié, soutenant qu’il n’était pas la personne qui parlait dans l’enregistrement qu’on lui fit écouter.
Quant à Tanor, il pouvait bien protéger Khalifa Sall contre le tir nourri du système. Les divergences de points de vue sur le management du parti et autres contradictions secondaires ne devraient pas le pousser à lâcher ce jeune militant qui avance, le socialisme en bandoulière.
Avec cette manœuvre, Macky Sall montre qu’il est devenu un animal politique. Il vient, en effet, de donner un cours magistral aux grandes écoles de sciences politiques, leur enseignant comment liquider une adversaire politique sans apparaître. Et s’il retrouve son mentor, Abdoulaye Wade, comme beaucoup le soupçonnent, ces socialistes seront à jamais la risée du monde et entacheront leur parcours politique. Pis, ils donneront raison au Pape du Sopi qui disait qu’ils ne reviendront pas au pouvoir d’ici 50 ans.
Seyni DIOP