Exit 2017, 2018 s’installe avec ses perspectives. Une occasion pour Sidy Lamine Niass de faire une analyse des faits marquants de l’année finissante dans divers domaines : politique, justice, économie, diplomatie, entre autres. C’était dimanche soir, à l’occasion du plateau spécial fin d’année sur Walf-Tv.
Le plateau spécial de fin d’année de Walf-Tv, dans la nuit du 31 décembre 2017 au 1er janvier 2018 a servi de tribune au Pdg du Groupe Wal Fadjri, Sidy Lamine Niass, pour passer au peigne fin les sujets qui ont marqué l’année finissante. Face aux journalistes Awa Diop Ndiaye, Moustapha Diop et Pape Ndiaye durant deux heures, il a abordé plusieurs faits marquants de l’année finissante. De la récente déclaration de l’ex-procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao sur l’indépendance de la justice sénégalaise, en passant par l’affaire Khalifa Sall, jusqu’à la dernière sortie d’Aminata Touré sur les 250 milliards recouvrés, ont été autant d’autres que le mollah du Front de Terre a abordé point par point.
Indépendance de la Justice
«L’Union des magistrats du Sénégal (Ums) a abordé des points importants concernant l’indépendance de la justice. Si quelqu’un comme Alioune Ndao va jusqu’à avouer que les magistrats peinent à accomplir leurs missions à cause de l’immixtion de l’exécutif sur la justice, il n’y pas séparation de pouvoirs», lance Sidy Lamine Niass. Pour lui, si le magistrat pense que seule la liberté de la Justice donnera aux juges le plein pouvoir de poursuivre et d’arrêter une personne, c’est bien. Mais poursuit-il, entre poser le débat et agir, il y a à manger et à boire. Selon lui, ceci n’est pas quelque chose de nouveau dans notre pays. Parce que, soutient-il, c’est le président de la République qui est au dessus de l’Assemblée nationale qui légifère, au dessus aussi de la Justice à travers le ministre de la Justice qui fait partie du gouvernement. Qui de facto, souligne-t-il, a les prérogatives d’affecter, qui il veut et où il veut. D’après lui, cette indépendance de la Justice constitue une préoccupation majeure pour tous les magistrats et ceux qui ont fait le droit. Mais, note-t-il, entre vouloir et pouvoir, c’est là où se trouve le nœud du problème.
Affaire Khalifa Sall
Concernant l’affaire Khalifa Sall dont le procès s’ouvre demain mercredi, le patron du Groupe WalFadjri, affirme que les droits du député-maire de Dakar ne sont pas respectés. «Cette fois, c’est le politique qui est mis en jeu. Si le politique laisse jusqu’à ce que Khalifa Sall présente sa candidature, donc il y aura un problème. Puisqu’il a été déjà candidat aux élections législatives, jusqu’à être député. C’est un problème politique, pour empêcher un adversaire politique. Donc, il fallait accélérer la cadence», déclare-t-il. Toutefois le patron de Walf a tiré la sonnette d’alarme sur les tournures que l’instrumentalisation de la Justice est en train de prendre dans notre pays. «Ils sont en train de semer de mauvaises graines qui risquent de remettre en cause la crédibilité de la justice et qui auront des conséquences néfastes sur pays qui est en construction. C’est un problème de règlement de comptes», dit-il. A l’en croire, le jour où le pays aura une Justice indépendante, en ce moment personne ne sera à l’abri des poursuites pour sa gestion. Mais, observe-t-il, tant que c’est le prince qui donne des ordres pour poursuivre telle ou telle personne, il y a problème. Ce qui pousse à s’interroger : «Où sont ceux qui figuraient sur la liste des personnes qui étaient citées dans le cadre de la traque aux biens mal acquis ? Où celles qui ont été épinglées par les organes de contrôles ? La Justice ne peut pas accepter une caisse à la présidence et l’interdire à la mairie. Si nous voulons un Etat de droit nous devons crédibiliser d’abord les institutions».
Arrestation de Gadio
Concernant l’affaire Cheikh Tidiane Gadio, l’ex-ministre des Affaires étrangères assigné à résidence pour corruption et blanchiment présumés, Sidy Lamine indique que le soutien du régime n’est pas anodin. Parce que, souligne-t-il, aucune autorité de l’Etat n’est à l’abri de poursuites à l’extérieur. Ce, à cause des nombreux dossiers brûlants où elles sont citées. «C’est le monde qui va ainsi. Un soutien logique parce que ça soit Macky Sall, Moustapha Niasse, ou autres, ils sont tous cités dans des dossiers qui peuvent toujours se retrouver d’un moment à l’autre en justice», révèle-t-il.
Procès Imam Ndao
Sur le dossier de l’imam Ndao, arrêté pour terrorisme présumé et dont le procès s’ouvre le 14 février prochain, Sidy Lamine Niass dira ceci : «J’ai dit au président Macky Sall en personne de libérer imam Alioune Ndao. Il m’a répondu devant des témoins que l’imam n’a rien fait et qu’il espère qu’on va le relâcher». Pour lui, personne ne réfute la présence de terrorisme dans le monde, en Afrique… Mais, estime-t-il, il faut qu’on donne au terrorisme une définition claire et non pas s’en prendre à une religion et la stigmatiser. «Le pays n’est pas encore indépendant. C’est ce que je dis toujours. L’Armée française est là, le Franc français est là et la langue française exclusive est là. Sans parler de notre économie. A qui appartient Total, Orange, Eiffage…Si nous avons 7 % de croissance, la France détient les 6, 99 %», affirme-t-il.
Traque des biens mal acquis
S’agissant des 250 milliards de F Cfa annoncés par Aminata Touré, lesquels dit-elle, ont été recouvrés par l’Etat du Sénégal dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis, il soutiendra que «nous allons vers les élections présidentielles de 2019, et il ne faut pas oublier qu’Aminata Touré est une trotskiste». Sous ce rapport, M. Niass indique qu’à travers ces agitations, l’envoyée spéciale du Président Macky Sall, peut peut-être, tenter de jouer les cartes pour être candidate ou celui qui va diriger la campagne du président de la République.
Mamadou Samba BARRY