Les magistrats ont organisé hier jeudi 28 décembre un colloque pour échanger sur la problématique de l’indépendance de la Justice.
Une occasion que l’ancien procureur spécial de la CREI, Alioune NDAO, a saisie pour vilipender le régime et dénoncer le fonctionnement de la Justice.
Seulement, cette sortie d’Aliou NDAO, même si elle est partagée par certaines robes noires, ne fait pas l’unanimité dans la corporation.
LASSANA DIABE SIBY, PROCUREUR GENERAL PRES LA COUR D’APPEL DAKAR
«Cette caricature de la Justice me parait très sévère»
«Cette caricature faite à la Justice par Alioune Ndao me parait très sévère. Sur l’ensemble du contentieux, 95 % sont laissés à l’appréciation du procureur général. Nous n’avons jamais été dans un Conseil supérieur de la magistrature où le président de la République dicte sa volonté. Le chef de l’Etat y joue un rôle simplement honorifique (…)».
DEMBA KANDJI, PREMIER PRESIDENT DE LA COUR D’APPEL DE DAKAR
«L’Etat ne peut pas être absent…»
«Il faut relativiser certaines choses. L’Etat ou en tout cas l’Exécutif ne peut pas être absent dans la distribution de la Justice. Il n’y a pas de complexe à voir, le président de la République est issu du suffrage universel, il prête une légitimité au juge. Il y a de bons magistrats au Sénégal, c’est le management qui est à revoir (…)».
SOULEYMANE TELIKO, PRESIDENT DE L’UMS
«Notre Justice est l’objet de critiques de plus en plus acerbes»
«Si nous, magistrats de l’UMS, avons tenu à organiser ce colloque en faisant appel aux autres acteurs y compris le ministère, c’est parce que nous partons du postulat que tous n’ont pas la même opinion sur le fonctionnement de la République. Le ministre a son opinion, nous avons la nôtre, les avocats ont la leur. Depuis plusieurs mois, pour ne pas dire plusieurs années, notre Justice est l’objet de critiques de plus en plus acerbes. Certes, c’est une lapalissade que d’affirmer que ces attaques ne font guère plaisir aux acteurs judiciaires que nous sommes. Mais c’est encore plus préoccupant lorsqu’on pense qu’il pourrait s’agir des prémisses d’une rupture de confiance entre nos concitoyens et leur Justice. Combien sont-ils de magistrats à avoir payé de leur carrière et même de leur honneur, pour avoir pris l’option résolue d’exercer leur office en toute indépendance ? Ce débat, nous l’avons déjà entamé à travers les journées d’études tenues dans chacun des ressorts des Cours d’appel de Dakar, Thiès, Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor. La participation à ces moments de réflexion nous a permis de prendre la mesure de deux choses : le profond malaise qui habite les magistrats du fait des critiques essuyées régulièrement de la part de nos concitoyens (…)».
ISMAÏLA MADIOR FALL, MINISTRE DE LA JUSTICE
Venu présider la rencontre, le ministre de la Justice minimise et justifie. «La présidence du Conseil supérieur de la magistrature par le président de la République au Sénégal, au fond, c’est une présidence symbolique voire honorifique. Elle n’est pas substantielle. Si on regarde le processus, le chef de l’Etat n’intervient pas de façon substantielle dans le contenu des nominations», plaide Ismaïla Madior FALL.