L’année scolaire 2016/2017 était partie pour être normale. Malheureusement, les fuites au baccalauréat 2017 impliquant des professeurs et des élèves sont venues tout dérégler.
Idem pour l’affaire Yavuz Selim qui aura aussi été mémorable pour l’année finissante. Rétrospective sur les faits saillants dans le secteur de l’éducation.
Cette année, le système éducatif sénégalais n’a pas connu de perturbation. Les enseignants, les acteurs de l’éducation, les parents d’élèves et le gouvernement, à l’orée de l’année scolaire 2016/2017, avaient organisé une rencontre à Saly, pour signer l’engagement de Saly. Ce pacte signé par le gouvernement et les syndicats d’enseignants stipulait que les enseignants devraient observer une pause d’une année, après une décennie de tumultes dans le secteur en question. Ces perturbations avaient comme conséquences le rognage du quantum horaire, les programmes inachevés et des examens de fin d’année catastrophiques. En contrepartie de ce pacte, les enseignants avaient exigé de l’Etat le respect total des points contenus dans le protocole d’accords signé en février 2014. Fort de ce deal, l’année scolaire s’est déroulée dans de bonnes conditions, avec zéro perturbation. Les cours ont démarré et fini à temps. Les neuf mois de cours ont été bouclés, place maintenant aux examens de fin d’année. Les fuites au baccalauréat de cette année sont venues entacher ce déroulement normal de l’année scolaire. Le procureur de la République qui va se saisir de l’affaire a actionné la Division des investigations criminelles (Dic). Un vaste réseau impliquant des personnes de l’office du Bac, des proviseurs, des professeurs et élèves, a été découvert par les forces de l’ordre. Quarante deux personnes ont été arrêtées à la suite de l’enquête menée dans ce sens.
42 individus ratent la traversée du Bac
L’année 2017 a aussi été marquée par le retrait du groupe Yavuz Selim du système éducatif sénégalais. Ce groupe scolaire dont les écoles sont classées parmi les plus performantes du pays, a subi les effets des relations exécrables entre son fondateur, Fetulah Gullen et l’actuel président de la République, Receip Tayyip Erdogan. Ce dernier qui accuse son principal opposant d’être l’instigateur du coup d’Etat manqué du juillet 2016 a ordonné à tous les pays d’où sont implantées ses écoles de fermer. Sans quoi, il va couper l’aide et l’assistance de son pays. Au Sénégal, le gouvernement a pris un arrêté pour donner le groupe au nouveau repreneur choisi par le gouvernement turc, Maarif. Une situation qui a mis les responsables de Yavuz Selim, les élèves, les parents d’élèves dans tous leurs états. Le président du Conseil d’administration du groupe Yavuz Selim et celui de l’Association Baskent Egitim, Madiambal Diagne, dans une de ses sorties, a indiqué qu’il va attaquer cet arrêté ministériel devant la Cour suprême. «Lorsque le ministre de l’Éducation nous a accueillis le 8 décembre, nous lui avions dit que nous avons attaqué cet arrêté à la Cour Suprême. Cet arrêté ne saurait être appliqué jusqu’à la date d’aujourd’hui tant que la Cour suprême n’aura pas vidé le contentieux. Le ministre a tout faux, il n’est pas dans la légalité. Il vient de prendre, le 11 septembre, un nouvel arrêté qui dit : ‘je retire l’autorisation d’enseigner’. Si tenté est que l’arrêté du 7 décembre est valable, pourquoi estime-t-il devoir prendre un autre arrêté le 11 septembre. Nous allons l’attaquer devant la Cour suprême», dénonçait-il.
Perspectives : le début d’une nouvelle ère ?
Cette stratégie de lutte et la non-reconnaissance du groupe Maarif ont obligé le ministre de l’Education nationale à reculer. Parce qu’il a mis le groupe sous une administration provisoire gérée par l’Etat du Sénégal. «Nous avons décidé d’écarter l’association Baskent Egitim de la gestion des directions des établissements, mais en même temps, d’écarter la fondation Maarif aussi de la reprises des établissements. Dans ce contexte, une solution serait que le ministre de l’Education nationale assure la reprise de l’administration provisoire, qui doit conduire vers une solution définitive qui assure le modèle pédagogique et la qualité de l’enseignement. Dans cette solution provisoire, toutes les parties prenantes seraient associées, y compris les parents d’élèves (…)», indiquait Serigne Mbaye Thiam. Ce dernier, lors de son passage à l’Assemblée nationale en début décembre dernier pour défendre son budget, acculé par les préoccupations des députés, avait soutenu que tous les élèves de ce groupe scolaire ont été intégrés dans les écoles publiques du Sénégal.
Contrairement à l’année 2017, l’année scolaire 2017/2018 risque d’être chaude pour le secteur de l’éducation. Les enseignants sont sur le pied de guerre. Les syndicats des enseignants ont, presque tous, déposé un préavis de grève. Ils attendent la fin de son expiration, le 31 décembre prochain pour aller en grève. Ils reprochent au gouvernement de ne pas respecter l’engagement de Saly. Les enseignants rouspètent parce que l’Etat, selon eux, fait toujours dans le dilatoire et ne manifeste aucune volonté pour évacuer les points qui restent du protocole d’accords signé depuis février 2014.
Mamadou GACKO