Au moment où l’aéroport international Blaise Diagne peine à prendre son envol, l’aéroport Léopold Sédar Senghor se meurt à petit feu.
Le transfert de ses activités a eu des conséquences graves sur les commerçants, les vendeurs à la sauvette et certains acteurs de l’activité économique environnante. N’ayant pas eu la chance d’avoir des boutiques dans le nouvel aéroport, ils vivent un véritable calvaire.
Depuis le 7 décembre dernier, l’aéroport Léopold Sédar Senghor est fermé à la circulation aérienne. Du moins pour ce qui concerne les vols commerciaux. En lieu et place des avions et des agences de voyage, ce sont les forces de l’ordre qui ont pris le contrôle de l’ancien aéroport dont toutes les activités ont été transférées au nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass. Une mesure qui impacte le fonctionnement de l’emblématique aéroport de Yoff où le brouhaha quotidien a fait place nette à un silence de cimetière. Ceux qui sont restés sur place constatent une baisse drastique de leur chiffre d’affaires. Vendeurs à la sauvette, intermédiaires et autres cambistes qui n’ont pu trouver une place dans le nouvel aéroport souffrent le plus de la fermeture de cette infrastructure aéroportuaire. Du coup, ils sont obligés de s’adapter à cette absence d’activité. Demba Guèye est vendeur d’habits traditionnels sur le site. Silhouette maigrichonne, habillé d’une chemise blanche et d’un jean noir, il regrette la fermeture de l’aéroport. Il explique sa présence en ces lieux par son incapacité à s’offrir le luxe de prendre une boutique dans le nouvel aéroport. «Depuis le déménagement, rien ne marche ici. Je ne vois plus personne», se lamente l’interlocuteur de Walf Quotidien, le regard perdu. Ses autres collègues commerçants ne sont pas mieux lotis. Ils ont, en effet, toutes les peines du monde pour écouler leurs marchandises. Contrairement aux années précédentes, ils vivent cette fin d’année comme un cauchemar. S’activant dans le change, El Hadj Ndoye peine à vivre de son travail depuis la fermeture de l’aéroport. Corps en surpoids dans un jean bleu assorti d’une chemise marron, il soutient avoir perdu toute sa clientèle. «On ne voit plus personne venir demander de l’euro ou d’autres devises», se plaint-il, un sac sur le dos.
Les commerçants ordinaires ne sont pas les seuls à pâtir de cette situation. Les vendeurs de café sont également victimes de ce mouvement. Ibrahima Bâ s’active dans ce commerce. Il dit avoir constaté une baisse de son chiffre d’affaires. «Avant le déménagement, je pouvais vendre plus de 200 tasses de café avant midi. Maintenant, il m’est difficile d’écouler 100 tasses toute la journée», grogne-t-il. C’est le même constat chez les vendeurs de journaux. Le jeune Abou Dème ne cache pas son amertume. «Entre le matin et midi, je pouvais vendre 40 à 50 exemplaires. Depuis le déménagement, c’est à peine si j’arrive à en vendre 30 durant toute la journée», détaille-t-il. A l’en croire, cette fermeture est une grosse erreur. Car, explique-t-il, elle a fait précipiter de nombreux jeunes qui se débrouillaient sur le site dans le chômage. «On devait garder cet aéroport et en faire le deuxième du pays. Cela pouvait éviter d’envoyer des jeunes en chômage», souligne-t-il.
Walf Quotidien