L’émir du Qatar a foulé, hier après-midi, le sol sénégalais.
Si en coulisses, le dossier Karim Wade est évoqué comme devant figurer sur la table de travail des deux chefs d’Etat, il reste clair que le business ne devrait pas être relégué au second plan.
L’émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, est arrivé, hier à Dakar vers 17h 30, pour une visite officielle de 72h, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (Aps). Il a été accueilli à l’aéroport Léopold Sédar Senghor par le chef de l’Etat, Macky Sall, informe la Présidence de la République. Selon la même source, il est attendu, au cours du séjour de l’émir du Qatar, la signature de plusieurs accords de coopération dans divers domaines. Ce qui devrait être évident. C’est, en effet, une lapalissade de dire que quand l’émir du Qatar se déplace, les pétrodollars, ça pue à plein nez. On fantasme déjà à l’idée que quelques chèques vont être signés de la noble main du 7ème souverain le plus riche du monde – c’est le Pôle de communication de la Présidence sénégalaise qui le dit – dont le pays, en Afrique comme en Europe, est réputé pour ne pas être atteint d’avarice. Demandez à Sarko et Hollande, combien de rafales et autres avions de chasse ils ont réussi à vendre à Monsieur l’émir. Demandez-leur ce que le riche émirat pétrolier a fait de leur mythique club de foot (Psg) et de leurs déshéritées banlieues que le partenaire a réussi, en un tour de main, à transformer en paradis terrestres.
Sauf que, depuis que la visite de l’émir a été annoncée, le dossier Karim s’est, comme par enchantement, retrouvé au cœur des débats. Certes, le Qatar a offert gîte et couvert à celui à qui Khalifa Sall, l’autre concurrent sérieux, a ravi la vedette de «prisonnier le plus célèbre». Certes, il a «garanti» ce que l’autre prétendant au fauteuil avait enveloppé du sceau de «deal international». Mais, nous pensons que la visite de l’émir du Qatar dont les déplacements millimétrés valent leur pesant d’or doit mieux nous profiter, côté business, autrement qu’en débats politiciens. Attardons-nous sur les retombées positives qu’elle peut nous rapporter. Au Sénégal, c’est un euphémisme de dire que beaucoup de branches d’activités battent de l’aile. Des partenariats solides et mutuellement avantageux entre des entreprises sénégalaises et qataries, voilà ce que nous devons rechercher. Dans le domaine des médias, pour ne parler que de celui-là, le Qatar a une expertise à revendre. Al Jazeera fait la fierté au-delà des frontières. Bein Sports, financé par des capitaux qataris, fait de l’ombre au mythique Canal +.
Dans beaucoup d’autres domaines aussi, le Qatar peut nous être utile. Surtout que le Maroc (101,4 milliards de dollars de Pib en 2016) et la Tunisie (42,06 milliards de dollars, pour le même agrégat et la même année) avec leurs économies fortement compétitives, sonnent à la porte de la Cedeao. Traitons avec les meilleurs, armons nos entreprises pour que, quand cette éventualité se produit, nous ayons plus à en gagner qu’à en perdre parce que réduits au statut de sous-traitants. Alors, parler politique, c’est bien. Ne pas oublier le business, c’est encore mieux.
Ibrahima ANNE