En voilà une qui ne risque pas d’apprendre son limogeage ou la réduction de son mandat à travers la presse. Comme pour se mettre hors du collimateur du Président SALL, Seynabou NDIAYE DIAKHATE a trouvé la juste parade.
Se détourner de la gestion des tenants du pouvoir et marcher sur les platebandes de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) en distillant des statistiques.
«Diourbel, la région la plus corrompue». «La Police, la Gendarmerie… les secteurs les plus corrompus». Si Seynabou NDIAYE DIAKHATE cherchait à faire sensation, on peut dire qu’elle a fait le buzz. Dans leur litanie, les médias ont juste oublié de dire que «les policiers et les gendarmes habitent Diourbel». Circonstances atténuantes : la presse n’avait rien d’autre à tirer du rapport rendu public mercredi dernier par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC). «Le taux de corruption issu du grand public sur les 12 mois précédant mai-juillet 2016 est estimé à 14,1 %, soit 118, 44 milliards de francs CFA… Le constat révèle une bonne présence de la corruption dans l’univers des Sénégalais relevant que le secteur public est perçu comme celui où les cas de corruption sont les plus nombreux avec 93 %», a indiqué Amadou Niang, membre de l’assemblée de l’OFNAC, repris par l’Agence de presse sénégalaise (APS). Qui comprend quelque chose à cette suite de mots et de chiffres? Mais pouvait-il en être autrement ?
«Chat échaudé craint l’eau froide»
Nommée à la tête de l’OFNAC depuis plus d’un an -le 25 juillet 2016- Seynabou NDIAYE DIAKHATE était attendue au tournant pour avoir remplacé la tonitruante Nafi NGOM KEÏTA. Elle avait indiqué, dès le départ, qu’elle ne ferait pas comme son prédécesseur qui n’a cessé d’appeler publiquement les concernés à déclarer leur patrimoine. Un silence, pour ne pas dire une discrétion, qui a grandement participé à faire du premier rapport de l’OFNAC, qu’elle aurait à présenter, un document très scruté, plus qu’impatienté. Mais c’était sans compter sur la perspicacité de l’ancienne doyenne des juges. Sous sa houlette, l’OFNAC est allé se payer une étude auprès d’un cabinet. Une façon de faire parler les chiffres sans engager sa responsabilité. Mais ce n’est pas cela le plus affligeant dans la démarche dudit office. Pour une Autorité administrative indépendante qui a la prérogative d’«analyser et de mettre à la disposition des autorités judiciaires chargées des poursuites les informations relatives à la détection et à la répression des faits de corruption, de fraude et de pratiques assimilées commis par toute personne exerçant une fonction publique ou privée», aller fouiner dans le commerce des Sénégalais lambda, ce n’est pas seulement un manque d’ambition et de volonté de rendre justice. C’est aussi une façon pour Seynabou NDIAYE DIAKHATE d’éviter de fâcher les tenants du pouvoir. «On s’attendait à ce qu’il se prononce bien entendu sur la mauvaise gestion du Port de Dakar, du COUD. Donc, l’OFNAC devrait avoir le courage de produire un rapport sur les différentes malversations constatées par les Sénégalais. L’OFNAC a refusé d’innover. Il refuse d’être courageux et de prendre ses responsabilités en enquêtant sur les ressources qui sont allouées aux différentes structures et organismes de gestion de nos deniers publics. L’OFNAC refuse de parler de la corruption dans le monde religieux, de la corruption dans les grands projets de l’Etat, du Building administratif, de la construction du Centre international conférence Abdou DIOUF de Diamniadio, de l’Autoroute Ila Touba…», a réagi Birahim SECK. Un hors sujet de Seynabou NDIAYE DIAKHATE et de ses collaborateurs que ce membre du Forum civil n’est pas le seul à déplorer. Les policiers et les gendarmes qui sont jetés en pâture sont aussi mécontents que les Diourbellois même s’ils se gardent de le dire publiquement.
Mame Birame WATHIE