CONTRIBUTION
Le maire de Mbacké a pris, sans délibération du conseil municipal, la décision controversée de désaffecter, sous le prétexte de défaut de mise en valeur, les terrains issus de lotissements du 22 mai 1985, pour les réaffecter à d’autres usagers. Le premier magistrat de la ville a également procédé, sans autorisation du conseil municipal, au morcellement et à la cession, au quartier «Santhianes», des places de marché dont les prix d’acquisition fixés entre 25 000 F et 50 000 F, sont déjà en cours de recouvrement à la perception municipale. Pour des raisons inavouées et inavouables, le maire de la ville a remis, au goût du jour, ses prétentions foncières sur le terrain de l’hippodrome, objet du titre foncier n° 22/01, immatriculé au nom de l’Etat.
Interpellé sur ces questions, le maire répond : «Les actes ainsi pris ne procèdent pas de délibérations du conseil municipal. Ils requièrent une simple information de l’organe délibérant.» Or, le décret 72/12 88 du 27 octobre 1972 dispose déjà : «Les affectations, les désaffectations des terrains du domaine national, situés dans les limites du territoire communal, sont prononcées par délibérations du conseil municipal qui ne sont exécutoires qu’après approbation du représentant de l’Etat.» Le décret 96/11 30 du 22 décembre, pris en application de la loi 96/07 du 22 décembre 1996, et la loi du 28 décembre 2013 portant code général des collectivités locales, consacrant la communalisation intégrale, viennent confirmer les dispositions actées plus haut.
Sous le rapport strictement financier, le maire est attendu sur sa pratique attentatoire aux règles de la comptabilité publique, qui consiste à rationner en carburant les camions de nettoiement sur la base d’un forfait journalier de 20 000 F prélevés de son argent personnel et, ce, malgré la dotation annuelle de 10 000 000 de francs inscrits au cabinet du maire qui mobilise 74 000 000 de francs.
En réponse à la question, le maire déclare, à la face de la population mbackoise : «Je prends en témoins le comptable public, le comptable financier de la commune, le comptable matière et le surveillant du service de nettoiement. Pour les années 2015, 2016 et ce, jusqu’au vendredi dernier 6 octobre 2017 (l’entretien a eu lieu le dimanche 10 octobre), je n’ai eu recours à la dotation en carburant que deux fois seulement pour chaque année considérée. Pour tout le reste, je prélève de mon argent personnel pour approvisionner en carburant les camions de nettoiement.» Cependant, le maire ne pipe mot ni à propos de la quantité de carburant prélevée chaque année ni sur l’usage fait de la dotation cumulée de 30 000 000 francs affectée au carburant pour les trois années consécutives.
L’aveu étant la reine des preuves, le maire de Mbacké, qui s’est fait ainsi hara kiri, n’en est pas pourtant à son premier coup d’essai. A 451/64510, le maire a distrait l’enveloppe de 4 000 000 de fonds de secours dont il assure discrétionnairement la gestion et la répartition, à l’exclusion du service compétent en la matière. Accusé, nommément, par un auditeur d’avoir détourné les fonds de secours, le maire emmêle les pinceaux et sert une réponse tirée par les cheveux : «J’ai retiré des mains du comptable de la mairie les fonds de secours dont j’ai confié la garde à la troisième adjointe au maire.» Quid alors de la suite réservée à l’argent ? C’est motus et bouche cousue !
Au 441/617, le maire délocalise 5 000 000 de francs inclus dans la dotation globale de 10 000 000 de francs affectés aux fournitures scolaires. Cette situation affecte les apprentissages avec un ratio de 100 cahiers par école soit 2 000 cahiers pour les 20 écoles de la commune. Depuis son accession aux commandes de la collectivité locale, le maire opère sur le 451/6130 sans la moindre justification une coupe réglée de 2 000 000 de francs sur le budget du carburant d’évacuation sanitaire qui subit une baisse drastique passant de 5 000 000 à 3 000 000 de francs.
Au service 509/612, le maire fait peser une grave hypothèque sur les destinées de 31 950 000 de francs inscrits aux dépenses diverses à propos desquelles les réalisations projetées (voyages à l’extérieur, hospitalisation des personnels, tenues de travailleurs) n’accusent la moindre visibilité sur le terrain. Prié, par un conseiller municipal de s’expliquer sur un financement supposé de 16 000 000 de francs affectés pour la mise en place d’un plan de développement communal, le maire nie et parle plutôt de 2 000 000 de francs provenant de l’Union européenne (Ue). En tout état de cause, cette affaire n’offre aucune forme de traçabilité aux yeux des conseils municipaux qui restent toujours sur leur faim.
Au 451/63133, la dotation consacrée à la maintenance (entretiens divers) des véhicules du centre de santé subit également une coupe sombre passant de 5 000 000 à 3 000 000 de francs.
Ces exemples, qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg, sont la marque de fabrique d’un maire de commune qui entretient des rapports crapuleux avec l’argent du contribuable. Mais diantre ! De quelles complicités le maire se prévaut-il alors pour pouvoir disposer de l’argent public qu’il gère et manipule impunément ? La coupe déborde. En notre qualité de contribuables, inscrits au rôle de la collectivité, nous interpellons solennellement les organes de contrôle de l’Etat (Ige, Cour des comptes, Ofnac) de façon à diligenter des enquêtes à propos des présomptions de détournements de fonds publics qui pèsent sur le maire de Mbacké.
Youssoupha BABOU
Instituteur principal de classe exceptionnelle à la retraite
Ancien adjoint du maire de Mbacké