La Cena a publié hier son rapport sur la tenue des législatives du 30 juillet dernier. L’équipe de Doudou Ndir, chargée de superviser le processus électoral, n’a pas manqué de relever tous les manquements constatés et de formuler des suggestions. «Si la clameur électoraliste s’est aujourd’hui estompée, certains sentiments n’en demeurent pas moins latents dans les cœurs et les esprits. Aussi importe-t-il, dans la perspective des échéances à venir, de procéder à des correctifs dans le cadre d’un dialogue inclusif et constructif pour la préservation de nos acquis et la consolidation de notre démocratie», peut-on lire dans ce rapport. La Cena de faire savoir que les élections législatives du 30 juillet 2017 se sont déroulées dans un contexte particulier marqué par des réformes institutionnelles majeures dont le premier jalon a été posé par la loi n°2016-09 du 14 mars 2016 instituant une carte d’identité biométrique Cedeao, conformément à la décision adoptée par la 46ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, tenue à Abuja le 15 décembre 2014.
S’expliquant sur les couacs notés dans le processus, la Cena fait noter que «l’engouement suscité par le couplage de la carte d’identité biométrique avec la carte d’électeur se traduira par une progression exponentielle des inscriptions sur les listes électorales, défiant les prévisions statistiques les plus osées et bousculant le calendrier électoral, ce qui a occasionné de nombreux dysfonctionnements dans l’enrôlement, la production et la distribution des cartes d’électeur». À cette situation, précise-t-elle, «est venue s’ajouter, à cause sans doute des enjeux de ces consultations, une inflation jamais notée de candidatures, ce qui constituait une autre hypothèque sur la tenue des opérations de vote dans des conditions normales. Le temps, dans une géométrie variable, aura été le plus grand ennemi de ces élections : souvent trop court, rapporté à l’ampleur et à la complexité des opérations à mener, parfois trop long, apprécié à l’aune des interrogations et des inquiétudes des populations quant à l’organisation du scrutin à date échue et dans des conditions acceptables, et même mauvais, avec ces fortes précipitations enregistrées, la veille du vote, sur toute l’étendue du territoire national, perturbant sérieusement le transport du matériel ainsi que l’aménagement des bureaux de vote. Il sera, fort heureusement, encadré et accompagné par des mesures institutionnelles qui ont permis le déroulement de ces élections».
Georges Nesta DIOP