Le budget 2018 qui a été adopté par les députés à l’Assemblée nationale est-il sincère ?
En se fondant sur les disparités dans le traitement salarial des agents de l’Etat, notamment, des députés doutent de la sincérité de cet instrument de politique économique.
Des députés ont interpellé le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, sur le niveau de sincérité du budget national. Lequel a été voté par l’Assemblée nationale. A cause de l’écart entre les charges de fonctionnement et l’investissement, ils doutent de la sincérité de cet instrument de politique économique.
Le député Ousmane Sonko a relevé que la masse salariale de 25,4 milliards de francs Cfa dans le budget du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan ne prend pas en compte le gros de la rémunération des régies financières de manière générale qui est payée sur l’Etat à part. Il signale que ce type de rémunération pose un problème par rapport à la transparence qui expose les agents, crée une tension au ministère de l’Economie et des Finances. «Je pense qu’il est temps qu’on réforme totalement ce système de rémunération qui n’existe plus même là où on l’avait copié et qui crée énormément de tensions et de suspicions. Au-delà, cela pose un problème de la sincérité du budget. Parce qu’on n’a pas de traçabilité par rapport à cet important montant. Je ne dis pas qu’il ne faut pas bien rémunérer les agents du ministère des Finances», a-t-il indiqué. En outre, il a souligné que ce type de rémunération fragilise en même temps l’agent qui ne peut pas faire des prévisions correctes. «Ce type de rémunération les expose parce que cela ne rentre même pas dans la rémunération de la retraite. Beaucoup d’agents, une fois qu’ils ont terminé de travailler, souffrent parce qu’ils n’ont plus ce type d’avantages», a-t-il prévenu.
Par ailleurs, le député Mamadou Lamine Diallo soutient que le système économique actuel ne fait qu’augmenter l’inégalité régionale autour de Dakar et le reste du pays. «Vous négligez l’industrialisation et la modernisation du secteur informel. Vous ne pouvez pas venir nous raconter n’importe quoi», a-t-il lancé à l’endroit du ministre.
Dans ses réponses, le ministre de l’Economie, Amadou Bâ, a indiqué que depuis 2012, le Sénégal a connu des progrès dans la sincérité budgétaire. «Je pense qu’il y a une volonté d’améliorer, d’aller de l’avant en matière de sincérité et de transparence. C’est utile pour nous. Parce que, chaque fois qu’on soulève des questions, les cadres qui sont là notent et on essaye d’apporter des éléments de réponses. Parce que, nul n’est parfait. On a beau vouloir bien faire mais nous sommes des humains. Nous n’avons pas encore fini de rationaliser le budget. Parce que le budget est une continuité», précise-t-il. Aussi, il précise qu’entre 2011 et 2013, c’est pas moins de 100 milliards de francs Cfa qui ont été délestés du budget d’investissement pour être remontés au budget de fonctionnement. «Aujourd’hui, on fait de la croissance parce que ce qu’il y a dans l’investissement participe à la formation brute de capital fixe. C’est de l’investissement réel. Ce travail va se poursuivre. Parce qu’il y a toujours plusieurs milliers de lignes budgétaires. Chaque année, nous traquons. Aujourd’hui, nous nous intéressons beaucoup à la direction de la solde. Nous discutons avec les syndicats des enseignants et dans les prochains jours, vous verrez que nous continuons toujours de débusquer par moments des manquements çà et là. Malheureusement, c’est une grosse machine qui est dans un processus de modernisation et chaque fois on découvre et on essaye d’y mettre un terme», a-t-il souligné.
Adama COULIBALY