Correspondance : «Depuis que le Sénégal existe, depuis l’indépendance, toutes les personnes qui ont été poursuivies pour les faits de détournement de deniers publics et autres, si elles consignent ou apportent une caution, bénéficient d’une liberté provisoire.
Khalifa Sall n’en bénéficie pas. Ce qui fait déjà une exception». C’est là un avant-goût de ce que sera, jeudi prochain, la plaidoirie de Me Amadou Sall lors du procès du député-maire de Dakar, Khalifa Sall. Lequel devra faire face au tribunal correctionnel pour répondre des infractions d’association de malfaiteurs, détournement de deniers publics et escroquerie portant sur des deniers publics.
Pour l’avocat qui réagissait samedi dernier en marge de la finale de la coupe du maire de Pékesse, une commune rurale du département de Tivaouane, la rapidité avec laquelle l’ordonnance de refus est prise, tout comme celle avec laquelle une citation lui est servie dans une semaine, sont assez éloquentes pour laisser comprendre que le couperet est tombé et qu’on va couper la tête à son client. Parce que, dit-il, c’est simplement ce que cela veut dire. «Quand la justice fonctionne de ce pas rapide et que cela ne concerne qu’un individu, nous tous avons le droit d’être inquiets. Comme le disait l’autre, nous nous sentons en liberté provisoire. Nous nous sentons très à l’étroit dans cette démocratie et dans cette indépendance de la justice qui est très sérieusement malmenée», ajoute Me Sall. Qui regrette que, depuis 2012, le Sénégal écrit les pages les plus sombres, les plus noires, les plus tristes et les plus dangereuses de sa justice. «Cette façon brutale de faire les choses ne nous convainc pas et ne nous convient pas. Ce sont tous les droits, les droits de tous les Sénégalais qui sont bafoués. Le procès n’est déjà pas équitable. La procédure jusqu’à présent ne crée pas les conditions d’un procès équitable. Il ne l’est pas. Il ne peut l’être et il ne le sera pas», renchérit l’avocat dans sa plaidoirie médiatique.
Sidy DIENG