Les difficultés financières de la société nationale La Poste ont été au cœur des débats lors de l’examen du budget du ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique, samedi.
Les députés Ousmane Sonko et Mamadou Lamine Diallo soutiennent que ladite société, dont le Fmi préconise la privatisation, est victime de la mauvaise gestion de son directeur général, Ciré Dia. Lequel excellerait dans le clientélisme politique.
La situation qui prévaut actuellement à la société nationale La Poste ne laisse pas indifférent les députés Ousmane Sonko et Mamadou Lamine Diallo. Ils pointent du doigt la mauvaise gestion de son directeur général, Ciré Dia. Le leader de Pastef, Ousmane Sonko, a déploré l’absence d’états financiers depuis plusieurs années, le clientélisme politique et les surfacturations et les fausses commandes qui sont devenus un sport national pour les dirigeants actuels. A en croire l’inspecteur des impôts radié de la Fonction publique l’année dernière par Macky Sall, La Poste affichait en 2013, une perte nette de 4 milliards de francs Cfa. «Aucun état financier jusqu’en avril 2017 n’a été déposé. Ce qui est grave pour une entreprise nationale. En décembre 2016, à l’examen de la loi des finances ici même à l’Assemblée nationale, le ministre du Budget reconnaissait vis-à-vis de l’Etat, une dette de 130 milliards de francs Cfa», a souligné le chef de file de Pastef/les Patriotes. Qui rappelle que la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), un démembrement du ministère des Finances, établissait que depuis 2013, le Trésor public a compensé des chèques pour 86 milliards de francs Cfa contre 63 milliards de remboursement obtenus, soit un gap de plus de 22 milliards de francs Cfa. De même que le document de programmation budgétaire pluriannuel du ministère des Finances qui établissait également une dette fiscale de 1,2 milliard de francs Cfa. «De 2013 à 2016, environ 60 milliards du Trésor public ont été consommés par La Poste sans aucune politique de la part de l’Etat. En décembre 2016, le troisième Ispe épinglait dans la rubrique +frein interne à la croissance du pays+, l’assistance financière déguisée du Trésor à La Poste qui n’est pas du tout maîtrisé», a dénoncé le député. Non sans regretter la proposition de privatisation de La Poste du Fond monétaire international (Fmi) pour sauver la face. Car, explique-t-il, cela rappelle de très mauvais souvenirs de surfacturation, signature de convention de dettes croisées et la recapitalisation via un partenaire stratégique.
L’autre source des difficultés de La Poste, selon ce député de l’opposition, est le schéma de compensation qui a été établi en 1996. Puisque, argue-t-il, La Poste encaisse mais ne reverse jamais le montant dans les écritures du Trésor ouvert au niveau de La Poste. «Aujourd’hui, tous les secteurs de la commande de cette société sont entre les mains de parents du directeur général sans compter les proches parents et barons du régime. Les surfacturations et les fausses commandes, c’est dans le rapport de l’Ofnac. Je ne les crée pas. Les magouilles et les contreparties financières aux coopérations, les secours au personnel et le quota de recrutement politique, etc. Malgré tout cela, aucune mesure n’est prise contre l’actuel directeur», s’offusque-t-il.
Pour sa part, le député Mamadou Lamine Diallo a soutenu qu’en réalité La Poste a été pillée par les tenants du pouvoir. «Parce que vous voulez prendre Thiès à Idrissa Seck, vous l’avez confié à Ciré Dia. C’est cela la réalité», tranche-t-il. Non sans demander au ministre des Télécommunications et des Postes, Abdoulaye Bibi Baldé, de faire le point sur la dette de La Poste qui s’accumule au fil des années.
Adama COULIBALY