Correspondance: C’est un grand ouf de soulagement que les populations de Dodel ont lancé en entendant l’annonce de l’arrêt du projet marocain chez elles de la bouche du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement.
En effet, venu assister à une célébration religieuse (Ziarra de Thierno Mamadou Moussa Ly) à Dahra Aleybé, le week-end dernier, Abdoulaye Daouda Diallo a fait savoir que le président Macky Sall a tout bonnement décidé de résilier le contrat qui liait l’Etat du Sénégal et la firme marocaine Sefrioui, via sa filiale Afri Partner Sénégal, et relatif à l’exploitation de 10 mille hectares de terres. Sur les raisons d’une telle volte-face, l’ex-ministre de l’Intérieur n’a pas voulu être prolixe, se contentant de dire que le président de la République espère ainsi que la cohésion sociale sera retrouvée dans les localités qui devaient être impactées par ce projet.
En tout cas, d’aucun sont d’avis que l’Etat sénégalais vient ainsi de désamorcer une bombe sociale dont la déflagration serait lourde de conséquences. Dans les communes de Dodel et de Demette, nombreux étaient ceux qui étaient contre l’exploitation des terres de ces localités. Et à plusieurs reprises, ces personnes ont tenu à se faire entendre, soit à travers des manifestations, soit par des déclarations incendiaires en direction des promoteurs du projet et des gouvernants. A Dodel où la révolte des populations avait particulièrement atteint son paroxysme, c’est la vie du maire qui était en danger, certains allant jusqu’à le menacer de mort si jamais les Marocains touchaient à leurs terres. La suite, on la connaît. Face à une telle situation d’insécurité, la brigade de gendarmerie de Ndioum est entrée en jeu, tentant d’intimider les figures de proue de la fronde contre le projet rizicole. C’est ainsi qu’elle a eu à convoquer dans ses locaux un vieux de 94 ans, suspecté par les hommes de tenue, d’être l’instigateur de la révolte. Cette «forfaiture» de la gendarmerie de Ndioum eût le don de renforcer le courroux des populations de Dodel qui la vécurent comme un affront qu’elles devaient laver en menaçant leur maire. Décidées à ne pas se laisser faire, celles-ci, parallèlement à leur opposition physique et à la médiatisation de leur combat, prirent sur elles d’engager la bataille judiciaire en commettant un avocat. C’est dire qu’avec le recul de l’Etat, leurs efforts n’ont pas été vains.
Pour rappel, dix mille hectares avaient été octroyés à Afri Partner Sénégal pour leur exploitation. La filiale de la firme marocaine avait promis d’investir 75 milliards de francs Cfa, d’aménager 2 500 hectares au profit des populations impactées et de créer des milliers d’emplois.
Abou KANE