Ce que vient de révéler le député Ousmane Sonko est très grave. Les représentants du peuple, grassement rémunérés pour un piètre boulot, ne devraient pas accepter de porter le bonnet d’âne en matière fiscale.
En effet, même si l’effort fiscal du président de la République en faveur des contribuables les moins aisés en 2012, lors de la réforme fiscale, est assez louable, aménager un paradis fiscal aux députés est simplement scandaleux. Ceux qui votent les lois ne doivent pas être les premiers à les enfreindre pour créer une injustice fiscale. L’Assemblée devrait être la première à s’auto appliquer pour donner l’exemple.
Pourtant comme le répètent souvent les institutions financières internationales à l’Etat, il faut élargir l’assiette fiscale, mettre fin aux exonérations et faire payer tous ceux qui doivent contribuer. Mais, au lieu de suivre ces recommandations, le gouvernement continue de taper toujours sur les mêmes, poussant certaines Petites et moyennes entreprises (Pme) à ne pas se signaler pour éviter d’être harcelées tout le temps.
D’un autre côté, le matraquage fiscal auquel font face certaines entreprises, dicté par les résultats fixés aux régies financières, inquiète de nombreux chefs d’entreprises qui l’assimilent même à un «braquage». Pis, pendant que certaines entreprises paient, des importateurs, des mêmes produits qu’elles fabriquent, fraudent et les concurrencent sur le marché. Ce qui fait que l’Etat est en train de tuer petit à petit la poule aux œufs d’or. Et le Fisc a très souvent la main lourde pour infliger des pénalités hors normes afin d’alimenter le fonds commun que se partagent agents de la régie financière doublement payés pendant que les vaillants enseignants, loin des bureaux climatisés, assurent l’avenir du pays dans des conditions exécrables.
Ce deux poids deux mesures entre les députés et le reste du peuple, conjugué aux exonérations et autres amnisties fiscales, a fini par créer une situation de «ras-le-bol» fiscal. Du moment que la fiscalité est une loi qui a une portée générale, l’Etat ne devrait en aucun cas accepter qu’il y ait une discrimination entre les Sénégalais pour ce qui est de l’impôt.
Seyni DIOP