Les membres de la commission ad hoc qui ont voulu faire du forcing pour entendre le maire de Dakar se sont heurtés à la détermination de ses souteneurs.
Les proches de Khalifa Sall ont très tôt barré toutes les voies menant à la prison de Rebeuss. Il a fallu l’intervention musclée de la police pour les disperser. Aymerou Gningue et ses collègues députés ont finalement reporté cette audition. Mais où et quand ? Voilà la question.
La commission ad hoc qui devait entendre le maire de Dakar dans le cadre de la levée de son immunité parlementaire n’a pas voulu s’en tenir au refus de Khalifa Sall d’être entendu tout en étant dans les liens de la détention. Hier, Aymérou Gningue et ses collègues députés ont cru pouvoir forcer la main à Khalifa Sall en décidant de se rendre à la prison de Rebeuss vers 17 h pour l’entendre comme ils l’avaient prévu. Mais c’était sans compter avec les souteneurs du maire de Dakar. En effet, ayant eu vent du projet des membres de la commission, les souteneurs de Khalifa Sall se sont déplacés en masse aux abords de la prison pour barrer la route à la commission ad hoc. A cet effet, ils barrent presque toutes les issues menant à la prison et la corniche. Il aura fallu l’intervention musclée de la police pour disperser les manifestants à coups de gaz lacrymogène. Non sans mettre la main sur quelques manifestants. Au final, les membres de la commission ad hoc rebrousseront chemin reportant ainsi l’audition du maire de Dakar. Mais tout porte à croire que le groupe de la majorité va apporter une réponse politique à cette «défaite» car une conférence de presse est prévue aujourd’hui dans un hôtel de la place.
Pour rappel, les avocats de Khalifa Sall avaient déjà averti la commission sur la volonté du maire de Dakar de ne pas déférer à la convocation. Car signalent-ils, la correspondance «ne donne aucune précision sur les modalités de son audition, aussi, il nous revient de porter à votre attention les considérations suivantes : M. Khalifa Ababacar Sall est présentement dans les liens de la détention. Il n’est donc pas libre de ses mouvements et n’a pas le droit de répondre à la convocation d’une personne autre qu’un juge».
Des arguments dirimants que confirme l’ancien député Me Abdoulaye Babou. «Cette convocation est une absurdité. Si Khalifa Sall était un député libre de ses mouvements et qu’il refuse de répondre à la convocation, la commission pourrait tirer ses conséquences, en disant qu’il y a défaillance. Mais ce n’est pas le cas. D’où le deuxième cas de figure. Khalifa Sall est dans les liens de la prévention, donc il n’est pas libre de ses mouvements», explique l’ancien député sur les ondes de Zik fm. «L’Assemblée nationale n’a aucun pouvoir, son Règlement intérieur ne prévoit pas la possibilité pour le bureau de l’Assemblée nationale de faire extraire Khalifa Sall. C’est clair et net. Le mot qu’il faut employer, c’est qu’on est dans l’impasse. Non seulement on est dans l’impasse, la commission elle-même ne pourra pas statuer. Mais aussi, pour que cette commission puisse statuer, il faut que Khalifa Sall soit libre. Alors on va sanctionner Khalifa Sall parce qu’il n’est pas là ? C’est ça l’absurdité. On va vers une impasse totale», affirme encore l’avocat.
Georges Nesta DIOP