CONTRIBUTION
L’hymne national du Sénégal va retentir en juin 2018 à la prochaine Coupe du monde en Russie. Pour la deuxième fois de son histoire, le Sénégal s’invite à la grande messe du football mondial à laquelle n’assistera pas un ogre comme l’Italie pour la première fois depuis 60 ans. Plus qu’un privilège, un honneur que toute la nation doit aux «Lions» du football. Un exploit retentissant à la mesure de la bravoure de cette belle génération plus que jamais sur les traces de leurs glorieux aînés de 2002. De quoi rallumer la flamme de l’espoir pour tout un peuple définitivement réconcilié avec sa sélection nationale après des désillusions aussi douloureuses les unes que les autres.
Mais depuis l’audience avec le chef de l’Etat, le 13 novembre dernier au Palais de la République, cette euphorie spontanée a été quelque peu estompée par une petite bourde. Délivrant son speech devant le président de la République, Moussa Sow, l’aîné du groupe, balance : «Nous voulons des terrains et des passeports diplomatiques». Interrogé à son tour sur la prime octroyée à chaque «Lion» par le chef de l’Etat en guise de récompense, Idrissa Gana Guèye lance tout de go: «C’est assez bien. Mais rien n’est encore fixé et le temps de négocier viendra bientôt». Une maladresse inattendue et inopportune qui embarrasse le commun des Sénégalais. D’autant plus que cette qualification avait comme sur un coup de baguette magique uni les Sénégalais autour de leur équipe nationale, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps…
Certes, les «Lions» ont écrit une autre page de l’histoire du football national, d’une encre indélébile, mais aussi devraient-ils faire leur cette célèbre maxime de John Fitzgerald Kennedy : «Demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays, mais ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi». La qualification au Mondial, certes, n’a pas de prix, mais encore faudrait-il que les «Lions» se rappellent que le costume d’ambassadeur pour son pays n’est pas taillé pour n’importe qui et que, par conséquent, porter les couleurs du maillot national vaut plus que les milliards du monde.
Peut-être, aurait-il été plus pertinent de demander un accompagnement des autorités étatiques en direction du Mondial. Ou même à la limite, réclamer des infrastructures sportives plus modernes, l’érection de nouveaux stades modernes (le drame au stade Demba Diop étant encore tout frais dans les mémoires), condition sine qua none pour l’organisation d’une Coupe d’Afrique à domicile.
Des icônes du football africain comme George Weah ou encore Samuel Eto’o ont forcé l’admiration et le respect du monde entier en se mettant au service exclusif de leurs patries, devenant des bailleurs pour leur sélection nationale. Autre exemple plus proche : Les joueurs de la génération de 2002, à l’époque, s’étaient cotisés pour acheter des maillots à la veille du match Maroc-Sénégal (1-1) à Rabat. Bref, l’argent étant ce qu’il est, l’on devrait éviter de polluer l’atmosphère avec des questions pécuniaires susceptibles d’installer un malaise, alors que l’heure devrait être à la concentration et à la fusion des cœurs pour une participation honorable à la Coupe du monde. Car vous pouvez le faire, vous en avez le potentiel et le talent. Mais la patrie d’abord et après suivra le pactole. Car à tout seigneur tout honneur.
Amadou Lamine MBAYE
Journaliste, spécialiste en communication