Le Syndicat des transporteurs de Gora KHOUMA a entamé depuis hier une grève de 48 heures pour dénoncer les tracasseries et le permis à points que l’Etat veut mettre en œuvre.
Mais au garage de la Patte d’Oie, situé à côté du Pont de l’émergence, le mouvement d’humeur a été peu suivi par les chauffeurs.
La grève de 48 heures décrétée par le Syndicat des transporteurs de Gora Khouma a été peu suivie au garage de Patte d’Oie sis au Pont de l’émergence. Si certains chauffeurs ont décidé de croiser les bras pour manifester leur désaccord avec les mesures annoncées par l’Etat du Sénégal notamment sur l’application du permis à points, d’autres, en revanche, ont opté pour la poursuite de leur travail, tout en avertissant le gouvernement contre la mise en œuvre d’une telle mesure. Non sans dénoncer aussi les tracasseries qu’ils subissent sur les routes. A côté de la passerelle qui surplombe l’autoroute menant vers Yoff, un groupe de chauffeurs discute du match Sénégal contre Afrique du Sud, d’hier soir. Les véhicules sont garés tout au long du trottoir. Ici, l’ambiance est morose. A quelques pas sous un petit arbre, Modou Fall, chauffeur et ses collègues jouent au damier. Non pas parce que les clients se font rares mais à cause de la grève des transporteurs. «Mes collègues et moi n’avons pas travaillé. Nous dénonçons les tracasseries sur les routes. Même si on présente tous les documents requis, les gendarmes et les douaniers trouvent toujours un moyen pour nous soutirer de l’argent. Ce n’est pas normal. Non seulement, nous sommes obligés de partager notre gain, mais nous perdons beaucoup de temps sur la route à cause des arrêts. Cela impacte négativement sur nos revenus», s’offusque Fall. Selon ce dernier, il faut que leurs collègues fassent bloc pour contrer les menaces du ministre des Transports, Abdoulaye Daouda Diallo.
Amary Ngom, chef de garage estime, pour sa part, que l’Etat fait de l’enfumage et n’ose pas aller jusqu’au bout de sa logique. «Combien de fois le gouvernement a pris ici des mesures qui n’ont pas eu d’effets ? Le garage des Baux maraîchers est un exemple. Mais vous avez vu comment ça s’est terminé ?», souligne-t-il.
Pour lui, ce permis à points n’a pas lieu d’exister. Il suffit que les chauffeurs élèvent le ton pour que le gouvernement recule. Car dit-il, le patron du ministre des Transports, Macky Sall, à deux doigts des élections présidentielles est plutôt préoccupé par un second mandat. Et avance-t-il, il ne prendrait pas le risque d’entrer en conflit avec les transporteurs qui constituent une masse importante.
«Ce n’est pas le permis à points qui va régler la situation. Même si l’Etat arrive, aujourd’hui, à appliquer cette mesure, il y aura des accidents», ajoute Moussa Ndiaye, qui vient de stationner. Selon lui, les autorités doivent revoir leur copie, parce que le mal se trouve au niveau de la délivrance du permis de conduire.
Mamadou Samba BARRY