Le chef de l’Etat excelle dans l’art de mettre au même pied ses deux principaux alliés. C’est à ce jeu d’équilibre qu’il joue entre Moustapha Niasse et son rival historique Ousmane Tanor DIENG.
Il fait son possible pour ne pas donner l’impression qu’il favorise l’un au détriment de l’autre. Il fait tout pour mettre ses principaux alliés sur un pied d’égalité. C’est ce délicat jeu d’équilibriste que se livre chaque jour le président de la République, Macky Sall, vis-à-vis d’Ousmane Tanor Dieng et de Moustapha Niasse. A chaque fois qu’il jette des fleurs à l’un, il le fait aussitôt pour l’autre, même si ce dernier n’est ni présent ni concerné pour la circonstance.
C’est à ce jeu de trapéziste que le chef de l’Etat s’est encore livré le samedi dernier, lors de la cérémonie de présentation de condoléances à Kaolack, au lendemain de l’inhumation du défunt khalife de la communauté niassène de Léona, rappelé à Dieu dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’âge de 85 ans.
En effet, s’adressant à Moustapha Niasse, Macky Sall déclare en présence du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne et de plusieurs membres du gouvernement: «Je vais encore le remercier ici, car notre relation et notre compagnonnage sont sincères et dignes. Votre travail à l’Assemblée nationale est irréprochable. Continuez sur cette lancée. Nous vous remercions de votre engagement. Vous m’accompagnez pour le développement du pays». «Seul le Sénégal vous intéresse, rien de plus. Idem pour Ousmane Tanor Dieng, le président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct)», conclut-il, cité par l’Agence de presse sénégalaise (Aps).
Ce jeu d’équilibriste avec Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse n’est pas nouveau, il a démarré avec son accession au pouvoir en 2012. Après avoir confié au chef de l’Afp l’Assemblée nationale, il a créé pour faire bonne mesure le Hcct pour son rival historique Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Ps. Ainsi, même si le secrétaire général du Ps est la quatrième personnalité dans l’ordre protocolaire après le président, chacun des deux hommes est à la tête d’une institution et a un quota de députés.
En plus, chacun a deux ministres dans tous les gouvernements successifs depuis 2012, même si depuis la démission de Malick Gakou du gouvernement et de l’Afp, celui-ci n’a plus qu’un seul ministre. Et selon des responsables de l’Apr, la formation politique présidentielle, Macky Sall a donné des «consignes fermes» à tous ses responsables de traiter les deux alliés de la même façon pour éviter les frustrations de l’un ou de l’autre «compte tenu de leurs rivalités historiques».
«Notre parti les considère comme étant d’égale dignité, par conséquent, ils sont traités de la même manière, comme du reste tous les alliés», explique un cadre du parti. «C’est délicat, mais c’est normal parce qu’on ne doit pas donner l’impression de favoriser l’un au détriment de l’autre d’autant plus qu’ils ont tous les deux montré leur loyauté et leur fidélité envers le président Macky Sall», se défend un autre responsable apériste. Qui rappelle que leur leader leur a donné des consignes fermes. Selon notre interlocuteur, Macky Sall a mis en garde tous les militants apéristes qui seraient tentés de s’en prendre au président de l’Assemblée nationale ou de celui du Hcct. «Tous ceux qui l’ont fait, ont été fermement rappelé à l’ordre par le président Macky Sall lui-même en réunion du Secrétariat exécutif national», indique notre source apériste.
Charles Gaiky DIENE