Le gouvernement s’y était engagé et en ce sens avait pris de fermes engagements. Il n’y aurait pas de pénurie d’eau durant la période du grand magal de Touba.
Dans une vive cacophonie, le régime de Macky SALL avait brandi une enveloppe de 574 millions de nos francs pour, disait le directeur général de l’Office des forages ruraux (OFOR), assurer l’approvisionnement correct en eau de la ville de Touba. Aly Ngouille NDIAYE, présidant une réunion du comité régional de développement (CRD) le 16 octobre dernier, avait réitéré les engagements du gouvernement à tout mettre en œuvre pour que l’eau ne constitue pas un problème. A l’arrivée, l’incompétence des tenants du pouvoir est encore mise à nu.
Dans de nombreux quartiers de Touba, en effet, les populations sont déjà confrontées à une pénurie d’eau qui risque de leur compliquer l’accueil des nombreux pèlerins qui rallient Touba à quelques heures du démarrage du grand magal. De Dianatou à Ndamatou, en passant par Keur Niang et Gare Boudaw le liquide précieux coule à peine. La pression de l’eau des robinets est très faible si elle existe. A Ndamatou, certains robinets ont fait du goutte-à-goutte toute la matinée de ce mardi.
Pourtant les avertissements et autres complaintes n’ont pas manqué. A plusieurs reprises, le ministre de l’Intérieur a été interpellé à ce sujet, notamment par le président de la Commission Culture et Communication du Comité d’organisation du magal, Serigne Cheikh Abdoul Ahad MBACKE. Ce dernier est allé même jusqu’à déclarer que le dispositif mis en place par le gouvernement pourrait ne pas suffire à pallier le besoin en eau. Et, à chaque fois, les assurances ont répondu aux alertes. « Onze points de faiblesse ont été répertoriés lors des réunions préparatoires auxquels il fallait apporter des solutions. Aujourd’hui, avec les visites que nous avons effectuées, on a pu se rendre compte que nous sommes à 70% de réalisation du plan d’action qui a été mis en place », avait soutenu Seyni NDAO, directeur général de l’OFOR, au début du mois d’octobre dernier. Accompagné de Cheikh Samba SENE, directeur de cabinet du ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, qui n’a curieusement pas mis les pieds à Touba, Seyni NDAO avait indiqué qu’il assurerait.
Maintenant que l’échec est patent, c’est le sous-préfet de Ndame, Mamadou Mbacké FALL qui est envoyé au casse-pipe. Car, comme l’avait présagé Cheikh Abdoul Ahad MBACKE, les citernes sur lesquels le gouvernement comptait, une solution conjoncturelle de facilité, n’ont pas suffi à approvisionner les pèlerins qui ne sont pourtant pas encore tous arrivés. Pis, une distribution sélective est dénoncée par les habitants de certains quartiers qui indiquent avoir été expressément «oubliés » lors du dispatching des citernes.
«A Touba, la SDE n’est pas présente et nous avons 26 forages qui tournent (presque 60% de cette production d’eau retournent à la terre) avec l’hydraulique régulièrement. Mais, nous avons un problème de réseau, parce que ce n’est pas géré comme dans les autres grandes villes », a déclaré, ce mardi à la veille de l’évènement, le sous-préfet de Ndame. Envoyé pour répondre aux complaintes qui se font de plus en plus étouffées par la soif, Mamadou Mbacké FALL s’est lancé dans une laborieuse justification qui lui a même fait dire qu’à Touba, « les gens ne payent pas l’eau ». Comme si c’était de la faute des populations, le sous-préfet, repris par l’APS, a continué de les accabler. «Depuis hier [lundi], nous avons déployé 35 camions. Ce matin [mardi] aussi, nous sommes en train de déployer des camions sur l’ensemble de la ville. Mais, comme le Sénégalais est pressé, chacun veut avoir son camion », a-t-il ajouté. Pour lui, il ne restait qu’à demander aux populations d’aller creuser des puits.
Une fuite en avant qui rappelle celle du directeur de l’OFOR après la pénurie d’eau survenue lors du «Daka » de Médina Gounass au mois d’avril dernier. Avec des évènements qui ne surgissent pas par enchantement, le régime de Macky SALL ne se fait pas prier pour révéler son inaptitude.
Mame Birame WATHIE