CONTRIBUTION
La nuit du 26 au 27 octobre 2015 est d’une cruauté qu’on n’oubliera jamais. Vers deux heures du matin, des dizaines de gendarmes, armés jusqu’aux dents, débarquèrent chez Imam Alioune Badara Ndao. Ils procédèrent d’emblée au défonçage des portes et fenêtres, en commençant par celles de la chambre des dames, car ils ne savaient pas du tout là où il passait la nuit. D’ailleurs ce sont ses épouses qui leur montrèrent sa chambre. C’est une première au Sénégal, qu’une honnête personne comme Imam Ndao soit arrêtée de cette sorte. En outre cette violence inédite et inouïe n’était pas nécessaire et ils le savaient. Peut-être, c’est pour cette raison qu’on a fait effacer, de l’internet, la vidéo qui illustrait l’atrocité de cette intervention.
Personne ne pouvait s’attendre à cela. Imam Alioune Badara Ndao arrêté pour terrorisme ? Non ! Cette inculpation n’est qu’absurde. Souvent on se pose certaines questions quant à cette opération et les accusations qui s’en sont suivies : premièrement, le Ministère Public ne serait-il pas de connivence avec le Pouvoir Politique ?, deuxièmement, n’y a-t-il pas de légèreté dans l’arrestation et le réquisitoire introductif inculpant cet imam pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, acte de terrorisme, apologie du terrorisme, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bandes ?, troisièmement, l’objet du réquisitoire supplétif l’accusant de détention d’arme sans autorisation n’était-il déjà pas évoqué pendant les premières heures de l’instruction ? Donc, quelle importance de le souligner alors que des réponses à ce sujet devraient bien figurer dans le dossier transmis au parquet par le magistrat instructeur ? Ou bien serait-il un moyen d’écarter toute prétention à un quelconque droit pour une liberté provisoire, ou même pour un non-lieu ?
Tout cela ne fait qu’établir l’existence de beaucoup de zones d’ombre dans ce dossier. Cependant, malgré un parquet qui communique beaucoup pour se positionner face à l’opinion publique et malgré les sorties récurrentes d’un Procureur de la République pour justifier ses moindres actions par rapport à d’autres personnes poursuivies, l’affaire dite Imam Ndao impose-t-il le silence au Ministère Public ?
Peut-être qu’à ce sujet, il n’a pas d’arguments. Et quel argument pourrait-il avoir ? Car une haute autorité aurait dit : «on a fait une erreur sur Imam Ndao, mais on va assumer». A la limite, dans quel pays sommes-nous ? Par contre, cette autorité a parfaitement raison car Imam Alioune Badara Ndao n’est pas un terroriste.
De surcroit, il ne mérite pas ceci. Car c’est un véritable patriote. Ne savez-vous pas que lorsque l’Etat avait des problèmes d’espace pour la construction d’une école publique dans le quartier de Ngane Extension, à Kaolack, c’est Imam Ndao qui lui a pourvu gratuitement d’un terrain d’un hectare.
Ô Dame Justice ! Sachez que vous avez entre vos mains un grand patriote. Un imam qui se veut utile dans son imamat. Combien d’hommes perdus a-t-il réinséré dans la société ? Combien d’égarés a-t-il ouvert les yeux au point de les mener vers une foi authentique, une soumission correcte et un perfectionnement pur.
Sincèrement, on ne connait pas dans ce pays une personne qui mérite autant de respect et d’honneur que cet Imam. Nous ne cesserons pas de répéter qu’on ne lui connait pas d’égaux dans l’art de vaincre par la parole et que sa cohérence dans la structuration du discours et sa pertinence dans l’argumentation imposent le respect. Nous réaffirmons aussi qu’il est un partisan de la non-violence. C’est un monsieur aimable et courtois aussi bien par ses paroles que par ses actions. Sa bienveillance et sa maîtrise réelle des sciences islamiques constituent, en lui, deux armes redoutables pour persuader tout homme de science et pour illuminer tout ignorant.
En définitive, réhabilitez l’honneur de ce noble imam, car votre mission sur cette terre, quelle qu’elle soit, n’est pas plus importante que la sienne. Donc libérez-le et laissez-le accomplir son auguste mission qui n’a rien à voir avec le terrorisme.
Parcelles Assainies, Dakar