Un montant évalué à 750 millions de dollars, générés par la production minière entre 2011 et 2014, n’a pu être retracé de “manière fiable” dans la comptabilité de l’entreprise minière étatique de République démocratique du Congo, selon un rapport d’une ONG américaine.
La Générale des carrières et des mines (Gécamines) a utilisé sa position privilégiée pour générer 1,1 milliard de dollars américains à partir de transactions de cuivre et de cobalt entre 2011 et 2014, selon ce rapport de l’ONG Centre Carter publié vendredi.
“Environ deux tiers de ces recettes – soit 750 millions de dollars – ne peuvent pas être retracés de manière fiable dans les registres de l’entreprise”, indique l’ONG dans son rapport intitulé “Affaire d’État”.
Par ailleurs, l’ONG juge également “troublant que Gécamines ait refusé de publier des contrats pour plusieurs transactions minières qui pourraient avoir généré plus d’un demi-milliard de dollars en 2016-2017”, ajoute le rapport.
“Ces revenus ne sont pas destinés au Trésor public et sont largement hors du contrôle public”, dénonce l’ONG américaine. Selon le Centre Carter – fondation créée par l’ancien président américain Jimmy Carter pour promouvoir la démocratie et les droits de Homme dans le monde -, cet argent “semble avoir été utilisé à d’autres fins”.
Le rapport se base sur 200 entretiens, un examen de plus de 100 contrats miniers, au moins 1.000 documents d’entreprise, ainsi que sur les rapports de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives couvrant la période 2007-2014.
L’ONG note par ailleurs qu’avant les élections de 2006 et 2011 en RDC, des recettes importantes générées par des transactions effectuées par des sociétés minières de l’État congolais s’étaient avérées “difficiles à retracer”.
“Étant donné que le pays se trouve actuellement dans une période (au cours) de laquelle des élections critiques devraient avoir lieu, les conditions sont réunies pour de nouvelles ventes non déclarées et pour d’éventuels détournements de fonds”, redoute-t-elle.
Les autorités congolaises n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat.
En juillet, l’ONG britannique Global Witness avait, dans un rapport, qualifié le secteur minier congolais de “distributeur automatique de billets” pour le régime du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001.
Le dernier mandat de M. Kabila a expiré fin 2016, et la Constitution lui interdit de se représenter. Des élections devaient se tenir avant fin 2017 mais la non publication d’un calendrier électoral rend impossible leur tenue avant la fin de l’année.
Cinquième producteur de cuivre au monde en 2015 et premier producteur mondial de cobalt, la RDC est l’un des pays les moins développés de la planète. Près de 90% de ses 71 millions d’habitants vivent dans l’extrême pauvreté.
AFP