Les Ngorois ont décidé de nettoyer leur localité. Ils ont lancé une opération anti prostitution dans leur localité et dans l’ile. L’initiative a été entreprise par un mouvement composé de jeunes qui disent être soucieux de préserver l’image de leur fief.
Les prostituées et autres personnes indésirables sont désormais mises en garde dès qu’elles franchiront le seuil de Ngor. Les populations sont déterminées à assainir leur localité. Pour Matar Seck dit Billy, porte-parole des piroguiers, le problème de la prostitution est devenu flagrant. «J’en vois qui traversent tous les jours pour rallier l’ile. Les traversées se font d’habitude la journée. C’est un problème grave. Il y a des notables qui habitent ici et des valeurs à défendre. Ce qui est inquiétant, c’est que le phénomène prend de l’ampleur. C’est l’heure d’alerter car nous avons des femmes et des enfants à protéger. Nous avons longtemps combattu le phénomène sans pouvoir faire grand-chose à part susciter un effet minime qui sera suivi d’une reprise plus importante de la prostitution dans la zone. Elles sont de plus en plus nombreuses au point que nous sommes aujourd’hui débordés», dit-il. Avant de poursuivre : «Parfois, nous refusons de les transporter à cause du tapage.» Ainsi ils sont déterminés à mener le combat. La sensibilisation est prévue tout au long du littoral. Le piroguier dit néanmoins assumer les conséquences économiques au nom des valeurs et de la morale.
Le maire de la commune de Ngor, Amadou Guèye, souligne que le phénomène de la prostitution sévit sur l’ile de Ngor et même jusqu’au village. «Ce qui se passe à Ngor, c’est du n’importe quoi. Et c’est de cela que les gens de Ngor ne veulent plus par rapport à leur cadre de vie», professe le maire qui déclare la guerre à la prostitution clandestine. «Celles qui viennent ici n’ont pas de carnet, ni de carte de travail. On ne paye pas 500 francs pour avoir une femme. Ça suffit. Nous faisons des descentes depuis l’année dernière sur l’île mais le phénomène a empiré. Cela a dépassé le cadre de la prostitution. Il faut mettre un frein à cela. Au-delà des femmes, il y a les travestis, les bisexuels…», révèle M. Guèye.
Maïmouna Cheikh Samb, Secrétaire générale du mouvement des jeunes de Ngor se veut ferme : «Nous nous sommes levés pour dire stop à la prostitution sur l’île, dans le village, le virage.» Elle et ses camarades entendent mener le combat par la sensibilisation. «Nous ne pouvons pas leur interdire de venir habiter ici mais nous pouvons les empêcher de détruire nos valeurs», nuance-t-elle.
Emile DASYLVA