La Fédération nationale des boulangers du Sénégal menace d’aller en grève sous peu pour exiger, entre autres, l’application de l’arrêté 102-2004 qui interdit catégoriquement la vente du pain dans les boutiques. L’annonce a été faite, hier, par son président, Amadou Gaye, en marge d’une assemblée générale de l’organisation.
Les boulangeries risquent de ne plus mettre la main à la patte sous peu. Ils sont en train d’ensemencer en levure une grève pour sensibiliser l’Etat sur la situation alarmante du secteur. Et pour commencer, ils exigent l’application de décisions énergiques prises par l’autorité à l’époque dans la commercialisation du pain.
Selon Amadou Gaye, président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal, il faut que l’Etat procède à l’application immédiate du décret 102-2004 qui interdit toute vente de pain dans les boutiques. Cela, avant la tenue des assises en gestation sur le secteur. «Aujourd’hui, nous avons donné des informations techniques. Il y a plus de 687 boulangeries à Dakar. Vous ne pouvez pas marcher 100 mètres sans trouver une boulangerie. Donc, il n’y aura pas de risque pour la population de ne pas avoir du pain», précise-t-il.
Selon Mamadou Guèye, l’application de ce décret aura plusieurs avantages sur la santé des populations mais aussi sur le développement de l’activité. D’abord, argue-t-il, le problème d’hygiène va être réglé. En plus, dit-il, les populations n’auront plus à acheter du pain dans des conditions d’insalubrité. Cela, sans compter le fait qu’elles auront dans leurs assiettes un pain de qualité. Poursuivant, il souligne que l’application de ce dispositif va booster l’emploi dans le secteur. «Nous pensons que le ministère du Commerce, afin de nous donner des gages, doit, dans les meilleurs délais, arrêter l’hémorragie qu’on est en train d’assister aujourd’hui. Sans cela, nous allons mettre en place un plan d’action national pour régler le problème de la boulangerie. Nous aimerions, avant les assises, que l’Etat prenne des décisions allant dans ce sens», avertit-il.
Selon M. Gaye, le secteur se trouve dans une situation très difficile à cause de l’instabilité du prix de la farine et d’un problème structurel qui gangrène depuis plusieurs années. «Nous constatons la fermeture de quelques boulangeries liée à un problème structurel. Il faut comprendre que le prix de revient du pain est de 100 francs Cfa. Il y a beaucoup de personnes qui donnent des commissions de 25 francs aux vendeurs et 25 francs aux livreurs. Elles ne peuvent pas supporter toutes les charges», a-t-il expliqué. Tout en rappelant aux autorités que le secteur de la boulangerie pèse environ 500 milliards de francs Cfa dans le Produit intérieur brut (Pib) national. Cependant, regrette-t-il, sur cette importante manne financière, plus de 80 milliards de francs Cfa sortent du pays. Car, dénonce-t-il, les minoteries importantes sont étrangères. Concernant le prix du pain, le président de la Fnbs relève qu’ils n’accepteront plus de vendre une baguette de mauvaise qualité aux citoyens. A l’en croire, celle de 190 grammes à 150 francs Cfa n’est pas une bonne baguette de référence. «Ce que nous aimerions, c’est de pouvoir livrer un pain de 250 grammes à 200 francs, un pain de 210 grammes à 175 francs ou même un pain de 500 francs. Donc, il faudrait qu’on arrête de nous fixer le prix du pain. Il n’y a pas de prix du pain, le pain se vend au poids», dixit-il. Gaye a, en outre, indiqué que le pain est le deuxième poste de dépenses dans les ménages dans les villes. «Nous allons faire tous les efforts possibles pour que le secteur de la boulangerie se porte mieux. Nous déroulerons un plan d’actions qui nous permettra d’avoir ce que nous voulons», a-t-il lancé.
Par ailleurs, la Fédération nationale des boulangers du Sénégal s’est démarquée de la grève annoncée les 1er et 2 novembre prochains par certains de leurs collègues en début de semaine.
Walf Quotidien