Plus on avance vers la paix en Casamance, plus les fossoyeurs vont redoubler de dynamisme dans leurs activités.
Hier, ils avaient pour noms, intermédiaires, Monsieur Casamance, organisations dites de la société civile, etc. aujourd’hui, ils se font appeler défenseurs des intérêts d’un peuple qu’ils privent pourtant d’un droit fondamental, celui de bénéficier des retombées de l’exploitation du zircon.
La Casamance ne mérite-t-elle pas de vivre dans la paix et la sérénité? On aurait pu éviter de se poser cette question si l’accalmie notée depuis des années n’était pas menacée par les agissements incongrus de certaines personnes qui placent leur bouillonnement verbal dans le cadre de la défense des intérêts des populations. La question du zircon de Niafrang a subitement réveillé le sentiment «patriotique» qui somnolait en ces défenseurs autoproclamés d’un peuple qui ne se reconnait pas dans leur combat dangereux, parce que menaçant la stabilité de la région. Le seul combat qui vaille la peine d’être mené, n’est-il pas celui de la paix et du développement ? Car, pendant plus de trois décennies, la Casamance a été le plateau d’expression d’un grand drame qui aura été humain, économique, social… Mais pas que. Aujourd’hui, toute action dans cette partie sud du Sénégal doit s’inscrire dans une perspective de promotion de la paix, du développement et, donc, du bien-être de ces hommes, femmes et enfants, rescapés des escapades meurtrières qui rythmaient le quotidien en Casamance. Toute autre démarche ou action prendrait la forme d’un goulot d’étranglement sur le difficile chemin de la paix. Malheureusement, l’action des opposants à l’exploitation du zircon en Casamance semble entrer dans ce schéma pyromane. Depuis quelques temps, des personnalités, vivant loin de la Casamance pour la plupart, pour des raisons douteuses et certainement pas désintéressés, s’activent dans les médias pour s’opposer à l’exploitation de ce minerai. Pour quelles raisons ? Menaces sur l’environnement, entre autres, brandissent-elles. On aurait pu soumettre cet argument à un diagnostic si on ne connaissait pas l’identité des tenants de cette ligne radicale. Car, certains étaient là quand leur leader, Abdoulaye Wade accordait sa bénédiction à l’exploration et à l’exploitation du zircon en Casamance. En représentants du peuple qu’ils étaient, avaient-ils perdu la voix au nom de la préservation d’un intérêt propre pour ne pas poser le débat à l’Assemblée nationale ? Sont-ils subitement sortis de leur hibernation citoyenne pour s’arroger le droit de porter la voix d’une population qui a fini de se faire une idée claire sur certains d’entre eux, déjà stigmatisés pour leur nihilisme et leur anticonformisme à tous égards.
La présence de ces mécontents éternels ne peut que décrédibiliser un combat, fut-il noble. On aurait pu réserver du mépris à ces agissements s’il n’y avait pas un link dangereux avec le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Les auteurs des sorties intempestives dans les médias, notamment sociaux, sont en train de réveiller les vieux démons dans une Casamance qui a suffisamment souffert. Au nom de quoi ne devrait-on pas exploiter une richesse qui est une ressource nationale ? Qui sont-ils pour priver la Casamance de jouir de son droit à la paix parce que tout simplement on ne veut pas que l’on exploite le zircon ? La démarche intelligente voudrait qu’on écoute le peuple et non une partie du peuple. Ailleurs, on exploite le pétrole, le gaz, le fer, mais en Casamance, on est prêt, ou plutôt certains sont prêts à agiter l’arme de la rébellion pour s’opposer à l’expression d’un droit régalien consacré par la Constitution. Mais, qu’à cela ne tienne. La paix en Casamance est irréversible parce que voulue et souhaitée par les populations, prêtes à s’opposer à toute volonté de rétropédalage dans ce passé dramatique d’une région qui n’a pas encore fini d’essuyer ses larmes. Un message à méditer pour les nostalgiques du passé qui veulent trouver là l’opportunité d’une résurrection politique et peut être, professionnelle.
Mamadou Papo MANE (Correspondance)