CONTRIBUTION
Des rumeurs persistantes laissent entendre que la plupart des leaders politiques et économiques, voire culturels et artistiques, de notre pays seraient des francs-maçons. Personnellement, je ne connais que deux personnes qui m’ont fait part de leur appartenance à une loge ! Sur les quatorze millions de Sénégalais, j’en connais deux. Et pourtant j’en connais du monde ! Dès lors, l’une des questions que je me pose, au sujet des francs-maçons au Sénégal, est la suivante : pourquoi ils se cachent ? Pourquoi les personnes qui croient aux valeurs maçonniques ne s’assument-elles pas ? Nous ne sommes plus à l’ère de l’inquisition. Ni, non plus à celle des guerres de religions. Les libertés individuelles triomphent partout. Les Droits des minorités sont garantis au-delà de ce que l’on pouvait imaginer un siècle plus tôt. Du moins, on le dit… La «Déclaration universelle des droits de l’Homme» proclame la liberté et l’égalité de tous les hommes. Et, de plus en plus, les droits des femmes, des enfants… et même du genre (?) sont institutionnalisés. Le genre ! Personne d’ailleurs de ceux qui manipulent ce nouveau concept ne peut expliquer de manière simple le pourquoi de son occurrence dans le langage public… Certains disent que ce serait sorti des travaux d’ateliers… maçonniques ! Qui pour nous éclairer ?
Le problème, en effet, c’est que vous ne trouverez personne parmi les francs-maçons sénégalais, s’il y en a plus que les deux que je connais, pour débattre publiquement de ce sujet. J’en conclus deux choses : Ou bien la maçonnerie sénégalaise est une fiction. Ou bien elle constitue un danger pour la démocratie. Si, en effet, les «frères» sont aussi nombreux qu’on le dit, et placés à des niveaux si stratégiques sans que personne ne connaisse leur identité, il y a un sérieux problème ! Autant la burka est interdite, en principe pour faciliter l’identification, autant le secret de l’appartenance à la franc-maçonnerie est discutable du point de vue de l’éthique et de la transparence. Je peux comprendre le secret des délibérations mais point celui de l’appartenance. Imaginons un seul instant que, bien que militants dans des partis politiques adverses, plusieurs «frères» appartiennent à la même loge. Ils se disputeraient le jour et fraterniseraient la nuit ? C’est une question de fond !
Alors peut-on espérer quelques… coming out (!) pour, enfin mettre des noms et des visages sur une nébuleuse dont les initiatives sur le continent africain devraient être plus lisibles ? En effet, plusieurs chefs d’Etat et de hauts responsables sont dits francs-maçons. Certains s’assument. Les vidéos de leur intronisation circulent abondamment. Notamment deux chefs d’Etat d’Afrique centrale. Au vu de l’état de leurs pays, on peut se demander ce qu’ils ont appris en ateliers. Soit dit en passant !
Vivement des débats de fond sur ces sujets de société qui, en Afrique, sont occultés par la politique politicienne, ses ruses et ses chausse-trappes !
Amadou Tidiane WONE