Le président Macky SALL et le Secrétaire général du Parti socialiste sont en apparence les meilleurs alliés du monde.
Après avoir mis en place une institution et installé le second à sa tête, le premier se hasarde souvent à voyager avec Ousmane Tanor DIENG lors de certaines rencontres internationales. Seulement, si, au sommet, le «on gagne ensemble, on gouverne ensemble» se porte bien, à la base, leurs deux formations se livrent, depuis la mise en place du dernier gouvernement, à une véritable bataille.
Depuis une semaine, des voix s’élèvent du côté du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) pour dénoncer la gestion – ou la non-gestion – d’Ousmane Tanor DIENG. Ces contestataires encagoulés, loin des salons feutrés, ont initié une pétition pour davantage mettre la pression sur le Président de leur structure qui tarde toujours à trouver un siège. «Le Président Ousmane Tanor DIENG n’a rien fait pour nous faire bénéficier de certains avantages et privilèges. Pendant ce temps, lui est dans une situation confortable puisqu’il a ses véhicules de fonction, ses chauffeurs, sa dotation de carburant, entre autres», observent ces hauts conseillers. Autant de considérations et de critiques qui les amènent à demander au Président Macky SALL de ne pas reconduire Ousmane Tanor DIENG à la tête de l’institution.
Le mot est lâché et la volonté exprimée. Le timing ne relève guère du hasard. Nommé le 20 octobre 2016 par décret n° 2016-1641A, Ousmane Tanor Dieng est à moins de quinze jours de la fin de son mandat. Et les critiques, même subjectives, risquent d’aller crescendo. Et ce, jusqu’à ce que le Président de l’Alliance pour la république (APR) mette un terme à la récréation pour encore renouveler sa confiance à un allié important dans son dispositif. Macky SALL, qui est à la base du mandat d’un an renouvelable du Président du HCCT, a bien calculé son coup. A l’instar de Moustapha Niasse qui a décliné toute ambition avant de se voir accorder un mandat de cinq ans à la tête de l’Assemblée nationale, le Secrétaire général du PS est appelé à se rappeler qu’il doit son poste avec tous ses privilèges injustifiés à Macky SALL. Et, à défaut de prêter allégeance comme son ancien camarade socialiste, Ousmane Tanor DIENG va devoir calmer ses partisans qui ne cessent de trouver à redire après la publication de la liste des membres du gouvernement Dionne bis. En effet, nombreux ont été les responsables de l’APR à être surpris par la sortie du porte-parole adjoint du PS au lendemain de la publication de ladite liste. «Personnellement, je suis surpris de voir, après les élections législatives, avec tout le sacrifice et tout l’engagement de notre parti au sein de Benno Bokk Yaakaar, qu’on se retrouve au statut quo, voire même moins, parce qu’au départ, on avait trois ministres. Ce nouveau gouvernement ne reflète pas le poids politique du Ps, parce que gouverner ensemble signifie qu’on ait des acteurs dans le gouvernement. On s’attendait à avoir au minimum cinq ministres socialistes (…) Mais aujourd’hui, ce gouvernement ne le traduit pas. Nous sommes vraiment très surpris de voir qu’on se retrouve avec deux ministres, le PIT un, l’AFP un et la LD un. Donc, sur les 39 ministres, 34 sont de l’APR, c’est inadmissible. Et c’est pourquoi, j’appelle le président de la République qui est aussi le Président de Benno bokk Yaakaar à prendre ses responsabilités», déclare Me Moussa THIAM qui voile à peine ses menaces. Le maire de Ourossogui met d’autant plus mal à l’aise leurs alliés qu’il a mis sur la place publique la prééminence de Macky SALL. Avec une tête de cheval comme symbole de Benno Bokk Yaakaar, les Sénégalais savaient déjà que c’est Macky SALL qui décide de tout dans cette organisation. Avec la sortie de Me THIAM, il a été démontré que le leader de l’APR ne consulte même pas ses alliés quand il s’agit de mettre en place un gouvernement.
Les grincements de dents des socialistes ne se sont pas arrêtés à la composition du gouvernement. Tout d’un coup, des socialistes, parmi les plus proches d’Ousmane Tanor DIENG, se surprennent à avoir de la compassion pour Khalifa SALL neutralisé par Macky SALL avec leur soutien considérable. «Aujourd’hui mon plus grand souhait est que Khalifa sorte de prison (…) Khalifa SALL doit sortir de prison pour une décrispation de l’espace politique», déclare Abdoulaye WILANE qui, il n’y a guère longtemps, s’est chamaillé avec le Président du groupe parlementaire Benno bokk Yaakaar.
Autant de positions et de considérations, conjuguées à la non-élucidation de la question d’une candidature du Ps à la prochaine présidentielle, qui participent à prolonger le jeu de dupes entre des alliés qui, malgré la méfiance et la défiance, font persister leur l’alliance.
Mame Birame WATHIE