La France et le Royaume-Uni organiseront vendredi une réunion informelle à huis clos du Conseil de sécurité sur la Birmanie avec la participation de l’ex-patron de l’ONU Kofi Annan, auteur d’un récent rapport sur les Rohingyas, selon des diplomates.
Ce même jour, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des Affaires politiques, l’Américain Jeffrey Feltman, arrivera en Birmanie pour une visite de quatre jours, a annoncé mercredi son entourage. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a été récemment invité à se rendre dans ce pays par les autorités birmanes et étudie toujours sa réponse, selon l’ONU.
La réunion à New York, qui se tiendra entre 19 heures GMT et 21 heures GMT et sera fermée aux médias, a pour objectif de discuter de la situation dans l’Etat Rakhine (ouest) et de la situation des réfugiés. Elle vise aussi à voir comment la communauté internationale peut soutenir la mise en oeuvre des recommandations de la commission consultative qu’avait présidé Kofi Annan, a précisé une source diplomatique.
Cette commission inédite avait été établie en 2016 à la demande de la chef de la diplomatie birmane Aung San Suu Kyi. Le 24 août, à l’occasion de la publication de son rapport, Kofi Annan avait appelé la Birmanie à donner plus de droits à la minorité musulmane des Rohingyas, faute de quoi elle risquait de “se radicaliser”.
Le lendemain, selon les autorités birmanes, des membres d’une jeune rébellion Rohingya avaient attaqué des positions administratives officielles, entrainant une vaste opération répressive de l’armée birmane dans l’ouest du pays.
Selon une enquête de l’ONU, la campagne de répression “systématique” contre les Rohingyas a été conçue pour expulser définitivement la minorité musulmane de l’Etat Rakhine. Plus d’un demi-million de Rohingyas ont fui cette région depuis la fin août, selon l’ONU, soit la moitié de cette communauté musulmane apatride, installée en Birmanie depuis des décennies. Ils se sont réfugiés au Bangladesh voisin où ils vivent dans des conditions misérables.
Dans son rapport, la commission dirigée par Kofi Annan appelait “le gouvernement à assurer la liberté de mouvement pour tous, quelle que soit leur religion, leur ethnicité ou leur citoyenneté”. “A moins que des solutions aux problèmes soient trouvées rapidement, il y a un vrai risque de radicalisation au sein des deux communautés”, musulmane et bouddhiste, avait souligné la commission.
Dans son rapport, elle prenait soin de ne pas prononcer le mot “rohingya”, tabou en Birmanie, où les Rohingyas sont considérés comme des immigrés du Bangladesh voisin et appelés à ce titre “bengalis”.
Depuis fin août, le Conseil de sécurité où siège comme membre permanent la Chine, aux intérêts économiques forts en Birmanie, n’a eu que très peu de réunions sur la crise des réfugiés Rohingya. L’ONU réclame depuis des semaines la fin des opérations militaires birmanes dans l’ouest du pays, un accès humanitaire aux populations de l’Etat Rakhine, et le retour des réfugiés dans leurs régions d’origine.
Lors de sa visite, “M. Feltman abordera toutes ces questions urgentes”, a précisé son entourage. “Ses discussions seront aussi centrées sur la construction d’un partenariat entre la Birmanie et les Nations unies pour traiter des questions qui ont un impact sur toutes les communautés dans les régions concernées”, selon la même source.
voaafrique