Le ton est monté d’un cran la semaine dernière au palais. Le «Patron» comme on l’appelle là-bas, n’a pas été, semble-t-il, content de l’intervention de son ministre des Affaires étrangères en Conseil des ministres. Occasion pour Macky Sall de «tancer sévèrement Sidiki Kaba», selon nos grandes oreilles et de prévenir les autres contre d’éventuels manquements.
Vent de panique aux Affaires étrangères. Le chef de ce département, Sidiki Kaba, a, selon des sources proches du palais, été engueulé au dernier Conseil des ministres par Macky Sall juste après sa communication relevée dans le communiqué qui a sanctionné cette réunion hebdomadaire. Selon nos oreilles qui ne se sont pas épanchées sur les détails, le Président Sall l’a «vertement tancé», provoquant ainsi le premier couac de cette nouvelle équipe. Un discours musclé sur cette «maladresse» qui, selon les sources de Walf Quotidien, va inciter la quarantaine de ministres ayant assisté à la scène, à mettre plus de rigueur dans leurs communications dans ce saint des saints.
Avec ce recadrage, Macky Sall semble montrer à son ministre que la diplomatie, ce n’est pas le droit. Ce sont plutôt les nuances, la subtilité, l’art des négociations, etc. Et non une subtile manière de venir pérorer des textes de droit de l’homme, terrain sur lequel sera d’ailleurs fortement attendu le nouveau chef de la diplomatie sénégalaise qui, avec la Cour pénale internationale, n’a pas manqué de froisser des pays où il devra aller négocier aujourd’hui pour le Sénégal.
Pour ne rien arranger aux affaires de l’avocat, des sources de la Place de l’indépendance (siège du ministère des Affaires étrangères) rapportent que ça grogne sec au dit département. Parce que, disent-elles, beaucoup digèrent encore mal la nomination d’un ministre qui n’est pas un des leurs. De plus, certains d’entre eux, qui se sont confiés à Walf Quotidien ne comprennent pas après tout le travail abattu par le sortant, Mankeur Ndiaye, qu’on leur impose quelqu’un qui n’est pas Conseiller aux Affaires étrangères. Nos sources signalent que M. Ndiaye a tellement placé haut la barre que l’avocat, même connu sur le plan international à sa manière, ne pourrait faire mieux. Puisque, rappellent-elles, son prédécesseur a brillamment permis au Sénégal d’être élu le 15 octobre 2015 membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu au titre de la période 2016-2017. Il a également obtenu, au profit de son remplaçant, la possibilité d’intégrer l’Assemblée des Etats-parties de la Cour pénale internationale (Cpi). Mieux, soufflent ces radars, Mankeur Ndiaye a ferraillé avec le Président guinéen, Alpha Condé, pour défendre son Président, Macky Sall. Ce, à côté d’autres succès diplomatiques qui ont fait qu’il a le plus d’ennemis au mètre carré à l’avenue Senghor. «Ce qu’il a réussi, aucun ministre des Affaires étrangères n’a réussi jusqu’ici à le faire. Sa manière de voir les choses lui a permis de créer un grand réseau diplomatique sénégalais malgré l’hostilité de nos voisins à son chef», confiait, récemment à Walf, un diplomate occidental. Seyni DIOP