(Correspondance) – Chaude matinée, hier, à la Cour d’appel de Saint-Louis. Le juge a tenu tête à la furie des avocats, solidement ancrés dans leur farouche désir de report du procès.
Il a fallu batailler ferme pour faire bouger le président de la cour de sa posture. Se relayant au parloir, les avocats ont, ainsi, usé de formules et autres subterfuges pour flétrir la position du juge en charge du dossier. De guerre lasse, ce dernier s’est résolu à lâcher du lest. D’un ton sec, Seyni Bodian d’expliquer que le procès est renvoyé au 10 octobre prochain. «C’est un renvoi ferme car en matière pénale, il y a un calendrier à gérer», s’est défendu le magistrat Bodian. Sur place, les quelques rares personnes qui ont fait le déplacement au Palais de justice, sis au quartier Sud de l’île de Saint-Louis, se sont interrogées sur les reports répétitifs d’un tel procès. Même son de cloche chez certains Saint-Louisiens qui n’ont pas manqué de se demander : «Qui cherche-t-on à protéger ?». «Nous avons besoin d’en avoir le cœur net sur un procès qui tient en haleine tout un peuple depuis 2012», ont encore fait noter ces Saint-Louisiens. Estimant que les règles de procédures sont interrogeables, les avocats, comme s’ils se sont passé le mot, ont plié le report du procès à une date autre. Selon certaines indiscrétions, les avocats de tout bord se sont basés sur la déontologie tout en recherchant un procès équitable pour demander, avec insistance, le report. Ainsi, Me Cheikh Tidiane Diouf, substitut de Me Bamba Cissé, avocat-conseil de Cheikh Luc Nicolaï, retenu à Dakar pour les besoins de la Chambre criminelle (ex-Cour d’assises) va réclamer le report. Me Ababacar Kamara qui défend la cause d’Abdou Khadre Kébé et qui vient de se constituer, a abondé dans le même sens. Le bâtonnier Félix Sow ainsi que Mes Ciré Clédor Ly et Khaled Houda qui défendent les intérêts des parties civiles ont acquiescé pour cette demande de report. Même l’avocat général a donné son quitus pour le report. Mais le président Seyni Bodian a décidé, dans un premier temps, de retenir l’affaire, avant de se raviser suite à la demande de suspension d’audience de son conseiller, M. Dial.
Walf Quotidien