A quelques jours de la rentrée scolaire prévue le 4 octobre prochain, l’année scolaire 2017/2018 risque de ne pas être de tout repos pour les deux acteurs majeurs du système scolaire.
Le gouvernement s’inscrit dans la continuité d’une année académique sans perturbations majeures comme ce fût le cas l’année dernière. Les syndicats d’enseignants font dans la menace et envisagent de déposer des préavis de grève pour une matérialisation des accords retenus dans le procès-verbal. Abdou Faty du Sels déplore le fait que 7000 enseignants reçus au concours de recrutement des élèves- maîtres restent dans le flou et la précarité. Le secrétaire général du Saemss, Saourou Sène s’indigne sur l’attitude du gouvernement qui fait, dit-il, du «sur-place». Dans cette atmosphère plus ou moins tendu avant la rencontre de Saly entre enseignants et gouvernement, les parents d’élèves, à travers l’union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees), se positionnent en lanceurs d’alertes et sont disposés à être des arbitres pour une bonne entame de l’année scolaire.
ABDOU FATY, COORDONNATEUR DU GRAND CADRE DES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS : «7000 enseignants sont dans le flou et la précarité»
« Au niveau du ministère de la Fonction publique, des milliers d’actes administratifs de validation, de reclassement de projets dorment toujours dans les tiroirs. On a également constaté que par rapport au paiement de la dette relative aux avancements des indemnités, les choses n’ont pas bougé, en dépit des efforts de transparence dans les paiements des rappels d’intégration. La primature et la fonction publique ne jouent pas le jeu sur la question des actes administratifs. L’autre aspect frustrant, c’est qu’il y a 7000 enseignants qui sont sortis du concours de recrutement des élèves maîtres qui sont dans le flou et la précarité. En plus, le ministère de l’éducation nationale a fait des efforts de nous rencontrer pour discuter sur certaines questions, et nous pensons qu’il est temps que ce gouvernement-là fasse de l’école une priorité en accélérant le processus de réalisation des accords pour clore définitivement cette question. Car nous ne sommes pas du tout satisfaits.
Toutefois, on va consolider notre organisation et faire en sorte que les syndicats forment des tables de concertation et développer ensemble un projet de lutte pour préserver l’école, mais aussi faire face à ce gouvernement. Nous n’excluons aucune forme de lutte.
On va se réunir pour prendre une position pour que dès lundi, avec les autres syndicats, avant d’aller vers le dépôt d’un préavis. Concernant la marche de l’organisation démocratique des enseignants du Sénégal (Odes), nous serons solidaires parce que notre seul adversaire reste le gouvernement.
Pour une année apaisée, il faudra des unions extrêmement fortes allant dans le sens de régler la question des élèves-maîtres, de matérialiser très rapidement la sortie des actes administratifs et le paiement des dettes relatifs aux rappels.
SAOUROU SENE, SG DU SAEMS-CUSEMS : «C’est le faire-semblant qui caractérise l’attitude du gouvernement»
«Cette rentrée se fait dans un contexte un peu difficile pour les organisations syndicales. Pour la bonne et simple raison que nous avons vécu une année scolaire 2016-2017 très sereine, très calme, mais malheureusement, à l’issue de cette année scolaire, nous n’avons pas enregistré du succès en termes d’avancement par rapport aux acquis syndicaux. Au contraire, nous avons enregistré des reculs. En ce qui concerne le ministère de l’Education nationale, nous sommes au regret de constater les sanctions qui avaient été prises à l’occasion du mouvement national contre des enseignants qui n’avaient eu tort que de suivre les mots d’ordres des syndicats pour l’année scolaire 2015 -2016. La sérénité de l’année aiderait le gouvernement à passer à une vitesse supérieure par rapport à l’exécution de ces accords. Malheureusement cela n’a pas été le cas. C’est toujours le dilatoire, le bavardage et le faire-semblant qui caractérise l’attitude du gouvernement vis-à-vis des organisations syndicales. C’est la raison pour laquelle nous allons vers l’ouverture de l’école et le gouvernement sait très bien que nos préoccupations sont restées intactes.
Il s’agit des lenteurs administratives qui concernent la sortie des actes d’avancements d’intégration de titularisation ou même de validation. Nous avons même pu constater quelque chose de plus grave, avec les décrets qui avaient été annoncés au conseil des ministres en termes d’adoption jusqu’à présent, ils ne parviennent pas à sortir du palais présidentiel. Il y a aussi la question de la rémunération des agents de la fonction publique sénégalaise. Le système est frappé d’iniquité et d’injustice. Un système qui a fait l’objet d’une étude par un cabinet indépendant qui a pu révéler ce que nous savions ; et jusqu’à présent le gouvernement n’a absolument rien changé à ce niveau. La question de l’indemnité de logement des enseignants est aujourd’hui dérisoire et le gouvernement n’a rien fait pour, au moins, donner l’espoir aux enseignants par rapport à une nouvelle indemnité de logements. Si d’aucuns croient à une possibilité d’une année scolaire apaisée, ce n’est pas le cas au niveau des enseignants et des responsables syndicaux. Car, cette tendance est maintenue jusqu’à l’ouverture.
Le Saems va vers des assises de son université syndicale les 20, 21 et 22 septembre à l’issue de laquelle nous envisageons un dépôt d’un préavis de grève au mois d’octobre. Si nous le déposons le préavis et que le gouvernement ne règle pas ces préoccupations, on ira naturellement en grève.
Pour tous les pays en voie de développement, l’éducation doit demeurer une priorité. Les ressources humaines capables de booster un développement, reposent essentiellement sur les épaules des enseignants. C’est la raison pour laquelle nous n’accepterons pas, quel que soit le régime, qu’on puisse continuer à piétiner le système éducatif pour véritablement ne pas régler les fortes préoccupations à un secteur aussi important. Car, rien de concret n’a été fait pour les enseignants, depuis l’avènement de MackySall».
ABDOULAYE FANE, PRESIDENT DE L’UNAPEES : «Nous sommes disposés à être des arbitres pour une bonne entame de l’année scolaire…»
«On se félicite du fait qu’il y aura une continuité relativement aux questions liés à l’éducation. Parce qu’en tant que parent d’élèves, nous étions un peu inquiets sur une possible rupture, suite au remaniement du gouvernement. Ce qui amènerait au remplaçant du ministre de tout rependre, alors qu’il Ya déjà des acquis.
Il y a eu un apaisement du climat social avec un bon déroulement de l’année scolaire de manière générale l’année dernière. Mais nous déplorons le fait que les vacances n’ont pas été mises à profit pour régler certains problèmes qui sont toujours pendant au niveau du système, particulièrement les revendications des syndicats. Ainsi, depuis quelques temps nous entendons des réactions des syndicalistes qui commencent à brandir des préavis de grève. Ce qui n’est pas du tout optimiste au niveau des parents d’élèves. Nous espérons qu’à l’issue des rencontres prévues à Saly, ils vont trouver une solution pour pouvoir aborder la rentrée dans les meilleures conditions possibles.
En tant que parents d’élèves, nous sommes des lanceurs d’alertes et nous sommes toujours disposés à accompagner toutes les parties prenantes parce que nous sommes à équidistance des syndicats et l’Etat. Donc, nous sommes toujours disposés à être des arbitres pour une bonne entame de l’année scolaire ».
Sud Quotidien