53,9%, c’est le chiffre que la Radio Télévision du Sénégal (RTS) osé avancer comme taux de participation aux élections législatives du 30 juillet 2017.
Une information que notre télé publique a indiqué tenir de sources officielles et que de nombreux journaux et sites d’informations se sont dépêchés de relayer. La RTS, qui a bénéficié d’une subvention de 10 milliards de nos francs et qui a passé la journée du dimanche à enchainer les clips, veut prendre tout le monde vitesse en faisant dans la désinformation voire l’intoxication.
Cette élection, présentée comme la plus mal organisée de l’histoire du Sénégal par certains leaders politiques, ne peut absolument pas afficher un taux de participation pareil. Pour les autorités, cette pagaille électorale ne peut être légitimée que par un taux de participation dépassant ceux des législatives précédentes (2012, 36,4% -2007, 34,6%). La caisse de résonance dénommée RTS veut s’en charger. Elle qui a joui d’une subvention qu’elle n’a point utilisée sur le terrain balance une information que rien ne peut étayer.
Le taux de participation avancé pendant que des milliers de Sénégalais se plaignent d’avoir manqué le scrutin, n’est pas crédible. Dire que plus de 50% des inscrits ont voté, c’est véritablement manqué de respect à ceux qui ont été privés, d’une façon ou d’une autre, de leur devoir de citoyen. Ce dimanche, à huit heures, aucun bureau de vote n’était opérationnel. Sur toute l’étendue du territoire sénégalais, le scrutin a accusé un retard. A Mbour, certains centres de vote n’ont ouvert qu’après 15 heures. Et pourtant, la prolongation de l’heure de fermeture des bureaux n’a pas été étendue jusqu’à susciter des commentaires. En plus, à Touba, l’une des localités les plus peuplées du Sénégal, s’est passée une évidente irresponsabilité de l’Etat qui n’a pas tenu son rôle ni en amont ni aval. 147 bureaux de vote ont été saccagés, les bulletins balancés dans les airs, au centre de vote de l’université Abdoul Ahad Mbacké de Touba. Compte non tenu des autres centres de vote où les manquements et autres couacs n’ont pas manqué. Autant d’ingrédients pourris qui ont fini par rendre la sauce de la RTS dégoutante.
Mais la manipulation ne concerne pas que le taux de participation. Les journalistes ayant déserté les bureaux de vote sans les résultats, les hommes politiques se sont chargés de les en informer. Et comme d’habitude, en fonction de leurs intérêts. D’où le voile de confusion qui couvre les résultats dans la capitale. Le ministre Amadou BA, qui a flairé le coup, a tenu à organiser, tard dans la nuit d’hier, un point de presse pour que certains journaux parlent de “sa” contestable victoire à Dakar.
La manipulation est en marche
Mame Birame WATHIE