Walfadjri est amer et a tenu à le dire. En effet, suite à la convocation suivie d’une garde-à-vue du journaliste Mame Biram Wathie, Sidy Lamine Niass et son employé ont fait face à la presse, hier, pour «démonter en pièces une mascarade du pourvoir». Face à ses confrères, Mame Biram Wathie a proposé au procureur de la République de l’envoyer directement à Rebeuss la prochaine fois au lieu de perdre des heures à lui demander ses sources.
Mame Biram Wathie est formel : l’affaire de la vidéo pour laquelle il a été convoqué à la DIC n’est qu’un prétexte. La preuve, les enquêteurs ne lui ont à aucun moment dit les raisons pour lesquelles ils l’ont appelé. «On m’a demandé de citer la personne qui m’a fourni la vidéo. Ils ont indiqué que c’est dans le cadre d’une enquête et qu’à travers la vidéo, ils ont eu de nouveaux éléments. Donc, je considère que la moindre des choses, c’est de remercier les personnes qui vous ont permis d’avoir cette vidéo, mais pas les harceler ou leur mettre la pression. Ensuite, ils m’ont demandé l’origine de la vidéo. Je leur ai dit que dans le cadre de leur enquête, je suis disposé à répondre à toutes les questions qui pourraient les aider, mais qu’ils ne me demandent pas ma source, parce que je ne le leur dirais pas», a d’emblée déclaré le journaliste.
Poursuivant, Mame Biram Wathie ajoute : «on m’a par la suite conduit dans le bureau du Directeur de la Dic et j’ai donné les mêmes réponses. Il a insisté, sans plus de succès. Et lui-même m’a dit qu’il connait la sacralité de la source pour un journaliste. Et c’est sur cette base que j’ai été autorisé à rentrer. Alors que je m’apprêtais à descendre, on m’a rappelé pour aller répondre au Directeur de la DIC. Devant lui, il m’informe que le procureur a appelé pour exiger que je livre la source et qu’à défaut, je n’allais pas rentrer. Je lui ai rétorqué qu’il pouvait me garder, mais qu’il n’espère pas que je lui donne ma source. Ils m’ont gardé jusqu’à 23 heures 57 minutes, avant de lever la garde-à-vue».
Dans tous ses états, suite à ce qu’il considère comme une mascarade pour l’empêcher de faire correctement son travail, le journaliste s’est attaqué au procureur de la République, lui indiquant que la prochaine fois qu’il voudrait connaitre ses sources, qu’il l’envoie directement à Rebeuss. «Je voudrais demander au procureur que la prochaine fois qu’il voudra me convoquer pour que je lui donne ma source, il n’a pas besoin de me signifier une garde-à-vue, il n’a qu’à me placer directement sous mandat de dépôt. Parce que même si je fais 25 ans là-bas, ils n’auront pas ma source», a-t-il ajouté.
Sidy Djimby NDAO (Les Echos)