«Hier à pareille heure, j’étais au Camp pénal où je me suis entretenu avec mon client. Pour la troisième fois, il a attiré mon attention sur ses conditions de détention.
Je rappelle qu’il a été transféré au Camp pénal depuis le 16 juillet 2016. Aujourd’hui, il a fait un an de détention. Mais, il a fait un an de détention dans des conditions d’isolement total dans un quartier de haute sécurité où il est enfermé 24h/24. Et aussi dans une cellule qui fait 2 m sur 1 m. Les droits les plus élémentaires reconnus au détenu, ces droits ne lui sont pas donnés. Il m’a fait savoir que depuis un an il ne bénéficie de visite que de 30 minutes par jour». C’est ce qu’a dénoncé l’avocat de Baye Modou Fall alias Boy Djinné, hier, dans une déclaration prononcée au sortir de l’audience, au palais de justice de Dakar. Me Abdoulaye Babou en a profité pour alerter sur les difficiles conditions de séjour carcéral de son client, poursuivi pour évasions multiples et cambriolages. L’avocat revient à la charge en alertant sur les maladies dont souffre celui que l’on a surnommé Boy Djinné, en raison de ses nombreuses évasions. «Il m’a dit qu’il souffrait d’ulcère, d’hémorroïde et ne bénéficie pas d’assistance. Quand il demande à être secouru, on le lui refuse. Il m’a fait savoir qu’on distribue de l’eau de javel et des produits d’hygiène à d’autres détenus mais lui, il n’en bénéficie pas. Et la dernière chose qu’il m’a dit pour le fait d’avoir demandé un bol, il a été privé de manger et de boire pendant 33 heures. Il reste seul dans sa cellule. Depuis un an, une seule fois il a reçu que la visite de sa propre sœur et depuis un an aussi, Baye Modou Fall porte la même tenue. Il lui est interdit de changer d’habit. Et ce n’est pas tout car le prisonnier même est malade», dénonce Me Babou, ajoutant que le célèbre pensionnaire du camp pénal de Liberté 6 vit une situation grave de «traitement dégradant, inhumain».
L’avocat de Boy Djinné interpelle ainsi l’Administration pénitentiaire ainsi que les organisations de défense des droits humains. «J’ai lancé un appel à l’ensemble des organisations des droits de l’homme mais aussi au niveau international pour qu’il bénéficie de ses droits comme tous les prisonniers. Il risque de mourir un jour alors que l’alerte a été lancée depuis belle lurette. Il m’a dit que dans sa cellule, il y a effectivement une natte de prière et un livre de Coran. A part ça, absolument rien du tout», a finalement dénoncé Me Babou. Le procès qui devait s’ouvrir a été reporté. Le juge en a décidé ainsi en prolongeant la date du délibéré sur les exceptions soulevées par la défense. En effet, les avocats de Boy Djinné qui ont estimé que leur client ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits, au nom du principe juridique de l’autorité de la chose jugée, veulent l’annulation de toute la procédure. Ce qui doit conduire à la libération d’office de l’accusé, ainsi que le prévoit la loi en de pareilles circonstances.
Walf Quotidien