Le président de la République, interpellé à de nombreuses reprises sur l’affaire Khalifa SALL, a toujours refusé de se prononcer sur le dossier.
« C’est un dossier pendant devant la Justice ». Le président SALL, ses partisans et ses alliés se sont toujours abrités derrière cette rengaine, pour ne pas répondre aux accusations expliquant l’emprisonnement du maire de Dakar par un règlement de comptes.
Dernièrement, en visite en Allemagne où il prenait part au sommet du G20, Macky SALL, interrogé par la chaine allemande Deutsche Welle (DW), se cramponnait à cette ligne de défense, refusant catégoriquement d’endosser la responsabilité des déboires judiciaires de Khalifa SALL.
«Ce cas est pendant devant la justice. Vous savez le Sénégal est quand même une démocratie majeure. Il y a la séparation des pouvoirs. Un dossier pendant devant la justice il n’appartient pas au président de la République, encore moins un membre de l’exécutif, de le commenter pour les principes que tout le monde connait. Un, il y a la présomption d’innocence. Deux, il ne peut pas y avoir d’ingérence. C’est une affaire qui est pendante, qui est entre les mains des magistrats. Donc je ne ferai aucun commentaire. Les gens, ils seront libres de dire ce qu’ils veulent mais je n’en ferai pas », avait soutenu le leader de l’APR, sur la défensive.
Seulement, si le président SALL refuse d’être celui qui a déclenché les poursuites contre Khalifa SALL, il vient de reconnaitre qu’il en est (ou qu’il peut en être) le bienheureux bénéficiaire. En effet, si l’on en croit à ce que certains journaux ont rapporté ce lundi, le chef de l’Etat s’érige comme celui à qui ce « crime » profite.
« Je vous avertis, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre Dakar face à un candidat qui n’a pas sa liberté de mouvement ! C’est inadmissible. (…) », aurait indiqué Macky SALL.
L’aveu, la mère des preuves, est de taille. Et des soutiens du maire de Dakar s’en sont appuyés pour descendre en flammes le leader de l’APR.
Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat, Moussa TAYE, conseiller du maire de Dakar, n’y va pas du dos de la cuiller.
« Monsieur le Président, vous avez déjà perdu. Electoralement, politiquement, moralement. Et même humainement. Quoique vous fassiez, quels que soient les résultats au soir du 30 juillet, vous avez déjà perdu. Votre affirmation est un aveu d’échec mais surtout un aveu tout court sur l’emprisonnement du Maire de Dakar. Vous venez de prouver, en effet, que vous avez manipulé votre justice pour faire arrêter un adversaire devenu trop gênant. Mais bien avant cela, vous aviez perdu face à Khalifa SALL », a écrit Moussa TAYE.
Mame Birame WATHIE