Plusieurs milliers d’enseignants en poste au Niger seraient détenteurs de faux diplômes.
Le ministre de l’Education veut leur faire passer un test d’évaluation. De peur d’être arrêtés, 157 d’entre eux auraient déserté leurs postes. Le doute est arrivé avec le constat d’une baisse continue du niveau des élèves. Le pays n’arrive pas former et à payer correctement suffisamment d’instituteurs.
En mars 2017, le ministre de l’Education primaire, Daouda Mamadou Marthé, avait annoncé devant le Parlement nigérien avoir repéré plus de 300 enseignants détenteurs de faux diplômes, dont ceux du baccalauréat et du brevet des collèges. Les écoles primaires, les collèges, les lycées et les établissements professionnels, sont concernés selon le ministre.
L’ évaluation des compétences des enseignants a été initiée en raison de la «baisse continue du niveau» des élèves, affirme le ministère.
Une étude diligentée par les autorités a révélé que «11,5%» des enseignants des écoles primaires ont «un niveau très mauvais» et «50% des élèves» du cours préparatoire concernés par l’étude «lisent à peine une lettre de l’alphabet».
Evaluer le niveau des enseignants
Le gouvernement nigérien se dit déterminé à évaluer le niveau de milliers enseignants contractuels soupçonnés de ne pas avoir les qualifications requises pour exercer.
«La préoccupation du gouvernement est de chercher à savoir si tous les enseignants ont le niveau» pour exercer leur profession, a déclaré à la télévision publique le ministre de l’Education.
Mais le test d’évaluation est fortement contesté par les syndicats des enseignants qui le jugent «illégal». A l’appel de leurs syndicats, des milliers d’enseignants contractuels ont déjà observé plusieurs journées de grève pour exiger son annulation.
De peur d’être arrêtés, 157 contractuels en possession de faux diplômes ont déserté leurs postes, selon la télévision publique. Des dizaines d’autres ont été écroués, rapportent les autorités locales.
La quantité plus que la qualité
Malgré l’aide de l’Unicef, Niamey est débordé par les quelque 500.000 enfants supplémentaires qui arrivent chaque année sur les bancs de l’école en raison d’une fécondité particulièrement dynamique. Il faut former chaque année 10 000 instituteurs pour répondre à cette pression démographique.
Pourtant, les progrès quantitatifs sont réels. Le taux net de scolarisation (TNS) est déjà passé de 18% en 1992 à 80% % aujourd’hui. De même, le nombre d’écoles et de classes dans le cycle de base a plus que doublé depuis 2006. La scolarisation des filles a également fortement progressé.
Malgré l’effort du gouvernement nigérien et des partenaires internationaux, la qualité de la formation des enseignants n’a pas suivi. Les autorités ont quelque peu fermé les yeux pour pouvoir mettre un instituteur dans chaque classe.
Malgré un chômage massif, les diplômés ne se bousculent pas au portillon pour aller enseigner dans des villages reculés, «au milieu de nulle part ou rien ne se passe, et pour des salaires de misère».
«La situation est très critique. Si nous ne prenons pas les décisions qui s’imposent, elle risque d’être encore plus grave pour le pays», a prévenu le ministre de l’Education.
Une bombe à retardement pour le pays, qui risque de se retrouver avec une nouvelle génération d’illettrés.
Malgré un effort massif de scolarisation, l’alphabétisation ne progresse que très peu dans le pays. «Le mariage précoce des filles, le travail des enfants, le taux élevé d’analphabétisme des adultes et la pauvreté continuent à entraver la scolarisation et le maintien des enfants, particulièrement les filles, à l’école.»
La persistance de disparités entre garçons et filles, entre citadins et ruraux et entre pauvres et non pauvres demeure un défi majeur pour l’Etat nigérien.
Franceinfotv