Dans quelques jours, les musulmans sénégalais vont célébrer la Korité. L’heure est en ce moment aux préparatifs. Seulement, ces activités sont complètement plombées à Ziguinchor par la conjoncture économique et la hausse des prix de certains produits.
A Ziguinchor, la Korité risque d’être célébrée globalement dans sa plus simple expression. Car, à quelques jours de l’événement, peu de choses rappellent l’imminence de cette fête qui sanctionne près d’un mois d’abstinence appelé Ramadan. Le peu de dynamisme noté dans les marchés est l’illustration la plus parfaite du climat pré-Tabaski à Ziguinchor. «D’habitude à pareille heure, le marché grouille de monde», fait remarquer Dame Diop, commerçant au marché Saint Maur de Boucotte à Ziguinchor. Dans son magasin de tissus, un de ses collègues tente de satisfaire les rares clients trouvés sur place. Dans cette ambiance de marchandage à la Sénégalaise, le commerçant est obligé quelques fois de faire rigueur sur lui pour ne pas passer ses journées à se tourner les pouces. «Je suis obligé de baisser les prix pour m’adapter à la situation financière des rares clients qui arrivent», fait remarquer Saliou G. qui reconnait les difficultés financières auxquelles font face les populations dans une région meurtrie comme Ziguinchor. «En ce moment, les gens n’ont pas d’argent pour satisfaire les besoins de la famille», se désole cet enseignant rencontré à l’entrée du marché. Comme lui, beaucoup de fonctionnaires vivent dans l’espoir que les salaires seront virés avant la Korité. «Sinon, ce sera difficile pour beaucoup de familles», alerte Babacar Sankhané.
Loin de ces préoccupations salariales, la plupart des ménages tentent tant bien que mal de faire face à cette conjoncture difficile. Surtout que pour ces derniers, le temps devient le principal ennemi. «J’ai réussi à acheter des tissus pour mes enfants, mais, le tailleur refuse de coudre les habits tant qu’il n’aura pas reçu une partie de l’argent». Ce cri de détresse d’une ménagère meurtrie par ce destin est aujourd’hui largement partagé par une population qui ne semble plus avoir beaucoup d’espoir à quelques jours de l’événement. Du coup, les tailleurs par exemple attendent désespérément les clients. «L’année dernière à pareil moment, les clients se bousculaient dans mon atelier. Cette année, les rares qui arrivent font dans la simplicité. Ce qui impacte forcément notre chiffre d’affaires», se plaint Modou Tailleur. Pour lui, comme pour beaucoup de ses autres collègues, les choses vont mal, pour le moment en tout cas. Devant cette situation, seul l’espoir d’un changement alimente leurs journées d’angoisse.
La même ambiance est notée dans les salons de beauté qui attendent sans trop d’espoir, les clientes. La crise est passée par là et rend sombre toute perspective. Les premières clientes arrivent, mais à un rythme qui pousse au pessimisme, nous dit-on dans un salon situé au quartier Santhiaba où on pointe du doigt le manque d’argent en cette période du mois.
En plus du manque d’argent à l’origine de cette ambiance inhabituelle à la veille d’une fête aussi importante que la Korité, les populations du sud doivent faire face à l’augmentation du prix de certains produits. Le prix de la viande a, par exemple, augmenté de 200 francs, passant de 2 800 à 3 000 francs. Une hausse qui vient au mauvais moment en cette veille de fête où la viande devient la denrée la plus prisée.
Walf Quotidien (Correspondance)