Le mois de Ramadan est de toute évidence un mois béni. Les politiciens de la cité du rail ne diront pas le contraire.
En effet depuis la survenue de ce mois, ministres, parlementaires, chefs de parti entre autres responsables de mouvements de soutien ont investi l’espace politique de ladite ville où ils ont engagé une véritable campagne électorale. Une campagne avant la lettre qu’ils déroulent sans risque de tomber sous les coups de l’interdiction pour violation des dispositions du code électoral. La bénédiction du mois de Ramadan est bien passée par là, donnant l’occasion aux politiques d’ouvrir de grands boulevards pour ne pas dire des voies de contournement aptes à leur permettre de passer outre ces dites dispositions et battre campagne durant la période sabbatique dite de précampagne où toutes les manifestations politiques en public sont interdites. L’astuce a été simple et bien trouvée puisque ne heurtant personne. Mieux, même ceux qui ont bien compris le subterfuge n’osent pas lever le petit doigt de peur de se mettre à dos les religieux en ces périodes très sensibles où ils ont tous intérêt à faire patte de velours pour pouvoir espérer gagner la confiance des électeurs.
En effet, ce n’est pas un hasard si, cette année, toutes ou presque les conférences religieuses organisées par les groupements féminins ou dahiras de Thiès sont financées voire préfinancées par les politiciens. Lesquels, accompagnés de leurs militants ne ratent pas l’occasion pour venir présider la rencontre et en profiter pour disposer d’au moins un quart d’heure d’échanges avec les populations. Certains poussent souvent l’audace jusqu’à convoquer le Plan Sénégal Emergent ou faire le bilan des réalisations du chef de l’Etat au cours de leur prise de parole dans ces rencontres. Les ndogou populaires sont aussi exploités par ces politiques qui financent les mouvements et associations de jeunes. Ainsi quotidiennement des ndogou populaires sont organisés dans les quartiers et aux abords des routes souvent avec une sonorisation permettant d’annoncer de temps à autre le nom du «bienfaiteur». Quid de la célébration de «Leïlatoul Khadr» ou nuit de la félicité? Toutes les organisations religieuses qui célèbrent ladite nuit ont déjà reçu leurs enveloppes pour la préparation du dîner et les honoraires du conférencier et son équipe de chanteurs chargés d’animer la cérémonie religieuse. Et pour sûr, le politicien-bailleur va marquer de sa présence la rencontre et aura certainement droit à la parole en guise de dividende.
Dire alors que ce mois de Ramadan n’a pas été seulement un mois de pénitence et d’adoration du Tout Puissant. Il a aussi été un prétexte pour certains de fouler du pied sans coup férir les dispositions du code électoral. Le coup en vaudra-t-il la chandelle ? La stratégie sera-t-elle payante ? Difficile de répondre à ces deux questions. Ce qui est cependant sûr c’est que, dans la cité du rail la campagne bât déjà son plein. Mais aussi qu’au regard de ce qui est en train de faire sur le terrain, les protagonistes n’entendent rien laisser au hasard dans cette bataille des législatives. Une autre certitude est que ceux qui aspirent aujourd’hui représenter le peuple sénégalais ont, par ces faits, donné la preuve qu’ils n’hésiteront pas un seul moment à voguer à contre courant des textes et règlements si leurs intérêts personnels étaient en jeu.
(Walf Quotidien)