Malgré le rapatriement de près de 25.000 personnes sur la base de l’accord tripartite de novembre 2007 signé entre les gouvernements du Sénégal, de Mauritanie et le HCR, 24.000 réfugiés mauritaniens demeurent en “exil forcé” au Sénégal et au Mali, selon le FONADH.
La mise en œuvre d’un accord tripartite entre les gouvernements de Mauritanie, du Sénégal et le HCR-agence de l’ONU, en novembre 2007, a permis le retour au pays de près de 25.000 individus à partir de la fin du mois de janvier 2008. Néanmoins, après près de 20 ans de déportation et d’exil, 24.000 réfugiés mauritaniens vivent encore au Sénégal et au Mali.
Cette révélation est faite par le Forum national des organisations de défense des droits humains (FONADH), un collectif d’une vingtaine d’ONG, dans une déclaration rendue publique mardi 20 juin à l’occasion de la célébration de la journée dédiée aux réfugiés et aux personnes déplacées.
Ce document interpelle le gouvernement mauritanien et la communauté internationale. Ainsi, 12.000 Mauritaniens se trouvent-ils encore en territoire sénégalais et un nombre identique est recensé au Mali. Des populations confrontées au calvaire d’un «exil forcé» pour n’avoir pas bénéficié de l’accord tripartite de novembre 2007.
Par ailleurs, les 24.536 personnes rentrées en Mauritanie à partir de janvier 2008 sur la base du même instrument juridique international «vivent encore dans une précarité sans nom».
Le collectif d’ONG évoque aussi d’autres catégories concernées par la question, notamment le cas des personnes «rapatriées dans le cadre d’un Programme spécial insertion rapide (PSIR) entre 1996 et 1998 au nombre de 35.000, et ceux qui se sont auto-rapatriés (environ 5.000 personnes) dont le sort est encore moins enviable»”.
C’est l’une des raisons qui fait que les exilés ne sont pas encouragés à revenir au pays. “En effet, tous ces contingents de rapatriés souffrent d’un manque de réparation des torts commis contre leurs personnes. Plus grave encore, nombre d’entre eux ne possèdent aucun document d’état civil, d’où l’impossibilité pour eux et pour leurs enfants de se déplacer à l’intérieur du territoire national, de trouver un quelconque emploi et d’étudier, en dépit des efforts consentis par la défunte Agence nationale d’appui et d’insertion des réfugiés (ANAIR)», explique le FONADH.
S’ajoute à tous ces handicaps le lancinant problème des terres expropriées au moment de la déportation, notent les observateurs.
Ces populations ont été déportées de la Mauritanie par vagues successives et leurs biens confisqués à partir de la fin du mois d’avril 1989, à la suite d’une grave crise politique et sécuritaire entre la Mauritanie et le Sénégal, se traduisant par des massacres à caractère racial qui ont fait plusieurs centaines de victimes de part et d’autre du fleuve Sénégal, frontière naturelle entre les 2 pays.
Texte le360afrique