La journée a été chaude, hier, dans la commune de Diokoul.
En cause, l’octroi de 1 000 hectares de terre à une société sénégalo-indienne du nom de SENEGINDIA qui ne passe toujours pas auprès des populations. Ces dernières ont affronté les gendarmes pour monter leur opposition à l’installation de cette entreprise sur leurs terres. Selon des sources établies dans la zone, les gendarmes ont dû user de grenades lacrymogènes pour étouffer toute velléité de contestation. Ce qui n’aura en rien entamé la détermination des manifestants qui auraient mis le feu à deux véhicules appartenant à la mairie. Trois coups de feu auraient même été entendus au cours de la manifestation. Des coups de feu en l’air qui, plus de peur que de mal, n’ont pas fait de blessés. Même si, dans leur course-poursuite avec les gendarmes dans les ruelles de la ville, les manifestants auraient déploré quelques blessés suite à une bousculade.
Pour rappel, après l’échec du préfet de Kébémer, en avril 2016, le Gouverneur de la région de Louga a relancé le projet SenegIndia pour l’imposer aux populations des 4 villages impactés (Diokoul, Badar, Gadd Kébé et Mérina). Il a envoyé hier, sur le site, un contingent de gendarmes composé d’éléments de la brigade de Kébémer, appuyés par leurs collègues de Louga afin de mettre en œuvre sa décision. Ce, en dépit du sursis à exécution rendu par la Cour suprême le 22 décembre 2016.
Selon des informations recueillies auprès du porte-parole du collectif des populations expropriées, Serigne Salam Diène, c’est le président de la République qui aurait octroyé aux compatriotes de Gandhi 1 000 hectares dans cette zone pour y exploiter de la pomme de terre. Et, à la clef, cet investissement de 25 milliards pourrait, à terme, générer 1 000 emplois permanents et 1 500 emplois temporaires.
Malgré tout, les populations qui ne l’entendent pas de cette oreille ont maintenu la pression sur les autorités, multipliant les manifestations hostiles à l’implantation des Indiens. Elles se disent prêtes à tout pour garder leurs terres. «Face à cette énième tentative diabolique des autorités locales, nous prenons l’opinion publique nationale et internationale à témoin surtout dans cette période où les paysans attendent les premières pluies pour retourner aux champs. En effet, nous avons déjà payé un lourd tribut avec la disparition de l’ex président du Collectif. Animés d’un esprit civique et patriotique, nous ne reculerons devant rien et ferons face à toute tentative de musellement et d’abus quels que soient les risques encourus», lit-on dans leur communiqué.
WALF