Quatre civils et un militaire malien ont été tués dans l’attaque jihadiste visant des étrangers près de Bamako dimanche, au cours de laquelle quatre assaillants ont également péri, a annoncé lundi le ministre malien de la Sécurité, le général Salif Traoré.
Une quarantaine de civils ont réchappé de ce premier attentat anti-occidental depuis plus d’an dans la capitale malienne, tandis que quatre suspects ont été arrêtés au cours de l’enquête, selon un dernier bilan fourni lundi après-midi par le ministre.
Les forces spéciales maliennes se trouvaient lundi sur le site du campement Kangaba, un vaste “ecolodge”, lieu de détente en périphérie de Bamako prisé des expatriés et fondé par un Français, dont l’accès était interdit à la presse, a constaté un journaliste de l’AFP.
Cette cible en évoque d’autres visées par les groupes jihadistes du Sahel ces dernières années, notamment la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam (mars 2016, 19 morts, dont huit étrangers).
Le Mali est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis l’attentat contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui avait fait 20 morts, outre ses deux auteurs. Cet attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en coordination avec le groupe jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, rallié à Aqmi.
Le bilan, moins lourd dimanche que lors d’attaques similaires, pourrait s’expliquer notamment par la présence parmi les clients du campement Kangaba de membres de la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTMMali) et de la force de l’ONU au Mali, la Minusma, qui ont pu offrir une première riposte, selon des témoins.
La Haute représentante de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, a d’ailleurs annoncé qu’un Portugais travaillant pour l’EUTMMali et une Malienne employée par la délégation européenne à Bamako avaient été tués.
“Un militaire malien a été tué, et quatre civils”, a indiqué le ministre lors d’un point de presse, citant pour ces derniers les nationalités gabonaise, chinoise, portugaise et malienne.
Un Français et un Suédois portés disparus “ont été retrouvés”, a-t-il ajouté.
– Sommet du G5 Sahel attendu –
Mme Mogherini a rappelé l’appui financier de 50 millions d’euros promis le 5 juin lors de sa visite à Bamako à la force conjointe que veulent déployer les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad).
Le président français Emmanuel Macron est attendu dans la capitale malienne le 2 juillet pour le prochain sommet du G5 Sahel, qui doit porter sur cette initiative, en butte à de sérieuses réticences au Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier des Etats-Unis.
Selon les autorités maliennes, une quarantaine de personnes ont pu être sauvées dimanche par l’intervention des forces de sécurité, dont 14 Maliens, 13 Français, deux Espagnols, deux Néerlandais et deux Egyptiens.
L’étendue du site a offert des possibilités de cachette aux victimes, a indiqué à l’AFP un employé du campement, Lancina Traoré.
“Quand j’ai vu les terroristes, tout de suite, j’ai indiqué un trou où se sont cachés les clients. Après ils sont sortis” de leur abri, a-t-il dit, précisant que les assaillants étaient de “peau claire”.
Les forces spéciales maliennes ont été soutenues dans leur intervention par les militaires de l’opération française antijihadiste Barkhane et de la Minusma.
Par ailleurs, dans le nord du pays, une attaque lundi contre un poste de l’armée à Bamba a fait un tué et deux blessés parmi les soldats, ainsi qu’un mort chez les assaillants, a-t-on appris de source militaire.
La dernière attaque jihadiste visant des Occidentaux à Bamako remonte à mars 2016, contre un hôtel abritant l’EUTMMali. Un assaillant avait été tué.
Le 9 juin, l’ambassade des Etats-Unis avait publié une consigne de sécurité à l’intention des citoyens américains les informant d’une “menace d’attaques accrue” à Bamako dans les lieux fréquentés par les Occidentaux.
Dans une tribune publiée en janvier lors du sommet Afrique-France à Bamako, le propriétaire du campement Kangaba, Hervé Depardieu, s’était insurgé contre les alertes de sécurité des chancelleries occidentales, dont il dénonçait les incohérences.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.
AFP