Le Ramadan devrait être une bonne occasion pour les fumeurs de diminuer la consommation du tabac voire de l’arrêter.
Mais, s’abstenir de fumer du lever au coucher du soleil est un véritable casse-tête pour certains parmi eux. Un tour dans quelques quartiers de Dakar permet de faire le constat.
Il est 19 heures passées de quelques minutes au marché de Castors. A 30 minutes de la rupture du jeûne, c’est la pression chez les fumeurs qui se trouvent à proximité d’un magasin. Ils supportent leur faim en attendant, avec impatience, l’heure de la rupture afin de satisfaire leur envie de fumer. Cheikh Diouf, le charretier du grossiste, est un fumeur. Il a commencé à fumer à l’âge de 15 ans. Aujourd’hui âgé de 32 ans, il continue de fumer tout en acceptant de jeûner. Rongé par la fatigue, le visage bouffi, les yeux rouges, Cheikh Diouf est allongé sur les sacs de riz entreposés dans un coin du magasin. Après quelques minutes de bavardages, M. Diouf confie qu’être à la fois jeûneur et fumeur n’est pas une mince affaire. «La cigarette est incontournable pour moi, surtout durant le mois de Ramadan. Je n’ai pas pu me libérer de mes vieux péchés. L’envie de fumer ne cesse de me dominer. Malgré le Ramadan, je continue d’avoir les mêmes reflexes face à la cigarette», explique Cheikh Diouf. A l’en croire, c’est encore pire après la rupture du jeûne. «La tentation est grande à la rupture. Je fume six à sept cigarettes pour être à l’aise, notamment, lors des rencontres à l’occasion des veillées ramadanesques», dit-il.
A Liberté 6 Extension, Abdoulaye Badiane abonde dans le même sens que Cheikh Diouf. La quarantaine révolue, élancé, teint noir, M. Badiane se tient à l’entrée d’une boutique du quartier. Indécrottable fumeur, il parvient à observer le jeûne et à se priver du mégot du lever au coucher du soleil. Sous l’effet du Ramadan, l’air fatigué, il fait des va-et-vient, scrutant sa montre, de temps à autre, discrètement, à quelques minutes de la rupture du jeûne. Il a déjà fait sa commande de cigarettes. «J’ai commencé à fumer il y a de cela 22 ans. Je suis accro à la cigarette. Mais je suis obligé de m’abstenir durant le Ramadan», avoue-t-il. Quand sonne l’heure de la rupture, juste après avoir croqué une datte pour rompre le jeûne, Abdoulaye Badiane ne pense qu’à une seule chose : la cigarette. «Je ne peux pas manger sans avoir pris une clope. Si je le fais, j’ai des nausées», soutient-il avant de prendre congé de ses amis.
Si pour certains, fumer est un plaisir, pour d’autres, la cigarette aide à surmonter des difficultés professionnelles, familiales ou de la vie courante, en général. C’est le cas de Mamadou Wane. Etudiant dans une école de formation de la place, nous l’avons trouvé en pleine discussion avec ses amis. Wane tire sur sa cigarette pendant qu’il participe aux débats. «Je fume une seule cigarette dans la journée, généralement le soir quand j’ai envie de dormir et d’oublier mes soucis. Raison pour laquelle, je ne suis pas fatigué comme les autres fumeurs. En plus je ne veux pas que mes parents le sachent», chuchote Mamadou Wane.
Il y en a pour qui, fumer est, à l’instar de la nourriture, une nécessité. Daouda Diallo se trouve dans cette situation. C’est la raison pour laquelle il ne jeûne pas. «Quand je ne fume pas, je suis malade. C’est pour cela que je ne jeûne pas car je serai obligé de laisser tomber la cigarette. Je fume un paquet voire plus dans la journée. En dehors du café, c’est ma principale nourriture. J’ai essayé d’arrêter mais je n’ai pas pu», affirme M. Diallo, imperturbable.
Walf Quotidien