Le plus ancien parti politique marocain, l’Istiqlal, a annoncé mercredi son “soutien total” aux revendications des manifestations qui secouent depuis sept mois le nord du Maroc et demandé la “libération immédiate” des leaders de la contestation.
Parti historique de l’indépendance, l’Istiqlal (conservateur) a exprimé un “soutien total et inconditionnel aux revendications sociales et économiques” du “hirak” (la mouvance), mouvement qui revendique le développement de la région du Rif.
Il demande “la libération des militants détenus et l’arrêt de leurs procès”, et dénonce au passage “la campagne médiatique qui vise à porter atteinte au +hirak+ et aux habitants du Rif”.
Dans le nord du pays, la province d’al-Hoceïma est secouée depuis sept mois par un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée que les protestataires jugent “marginalisée”.
Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, et ses principaux meneurs ont été interpellés ces dix derniers jours après l’interruption par Zefzafi d’un prêche officiel dans une mosquée.
Ils sont désormais accusés d’une longue liste de “crimes”: notamment “complot”, “propagande”, “incitation contre l’intégrité du royaume”, et “atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat”, ceci “à travers la perception de sommes d’argent” ou “en menant une attaque ayant pour but la dévastation, le massacre et le pillage dans plusieurs régions”, selon le parquet.
L’Istiqlal “s’étonne du traitement accordé par le gouvernement au +hirak+, lui lançant d’abord de lourdes accusations, puis qualifiant ses revendications de légitimes avant de dépêcher sur place une délégation ministérielle et enfin de lancer une vaste campagne d’arrestations”.
L’Istiqlal, parti nationaliste qui a longtemps dominé la vie politique marocaine avant d’entamer un lent déclin, compte actuellement 45 députés, et connait des dissensions, du fait de la personnalité contestée de son chef Hamid Chabat. Il ne participe pas au gouvernement de coalition mais continue néanmoins de peser dans le débat politique national.
Cette prise de position intervient au lendemain d’un discours du ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit devant les députés. Il a justifié la répression contre les leaders du “hirak” par la nécessité de “faire respecter la loi”, alors que l’Etat est “mobilisé” pour répondre aux demandes des manifestants.
AFP